Pèlerinage des Pères de Famille : L’Homélie de Mgr HABERT, Évêque de Séez

Comme chaque année au mois de juin, le Sanctuaire Notre-Dame de Montligeon accueille les pères de famille venus en pèlerinage. Un peu plus de 230 étaient présents cette année ! Ils ont eu la joie de retrouver, lors de leur dernière messe,  Monseigneur Jacques HABERT, évêque du diocèse de Séez, dont voici l’homélie.


Homélie de Monseigneur HABERT, le 1er juillet 2018

C’est surtout à vous, les pères de famille qui vivez ce dimanche la messe de clôture de votre pèlerinage, que je voudrais m’adresser ce matin.

L’évangile que nous venons d’entendre me facilite bien la tâche puisque l’un des personnages importants de l’évangile de ce dimanche est justement un père de famille, un certain Jaïre.

Quelle est sa situation ?

Il est chef d’une synagogue. Il a une fille gravement malade à la toute extrémité. Il supplie Jésus de venir lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. À cette première situation se superpose en quelque sorte une seconde, celle de cette femme. Elle aussi est en souffrance.

Elle a des pertes de sang depuis douze ans, elle a beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, le texte dit même que son état avait plutôt empiré.
Elle n’a qu’un désir :  Toucher seulement le vêtement de Jésus.

Alors dit-elle : « Je serai sauvée. » C’est bien ce qui va se produire.

À cette femme guérie Jésus dira : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »

À Jaïre, dont la fille est guérie, il dira : « Ne crains pas, crois seulement. »

Nous le voyons c’est clairement la foi, la foi en Dieu, la foi en Jésus, qui est au centre de ces deux histoires qui s’entrecroisent. La foi dont la porte d’entrée va ici être la souffrance.
– Souffrance d’un père face à la maladie de sa fille

– Souffrance d’une femme dans sa situation physique

Oui, la première caractéristique de la foi de cet homme et de cette femme, c’est qu’ils ont accès à Jésus par le biais de la souffrance. Ainsi en va-t-il parfois dans nos vies : nous rencontrons Dieu à travers nos blessures, nos épreuves.

Non pas que Dieu les veuille, mais il les permet. C’était la parole de la première lecture : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. » Mais quand la souffrance intervient, il est là pour la porter avec nous.

Retirons de nos esprits cette conception qui nous ferait penser que la vie chrétienne serait épargnée des épreuves.

La seconde caractéristique de la foi de cet homme et de cette femme, c’est que leur foi, n’est pas une foi du bout des lèvres ou dissimulée. Ils se jettent tout deux aux pieds de Jésus, ils le supplient, c’est tout leur être qui est engagé dans la démarche, publiquement. Il y a un aspect existentiel, vital dans l’attitude de Jaïre et de cette femme malade.

Une telle attitude nous conforte dans le fait que le Dieu en qui nous croyons est le sauveur, celui qui vient nous sauver de la mort et de la souffrance. Il vient aussi nous sauver du non sens, du découragement ou des tentations de violence ou de résignations que nous pouvons éprouver.

Quelle leçon est à retenir pour nous aujourd’hui de la lecture de cet évangile ?

La première est de souligner l’importance de la foi, son aspect essentiel.

Hier j’étais avec des jeunes et nous parlions du futur synode que le pape a convoqué à Rome en octobre prochain. Son titre : La foi, les jeunes, et le discernement vocationnel. Il ne s’agit pas d’un synode sur les vocations particulières, mais de faire comprendre aux jeunes combien la vie chrétienne est en même temps un appel qui bouleverse nos vies, qui prend tout. Lorsque l’on a compris cela, alors en effet l’appel à une vocation particulière peut éclore dans le cœur d’un jeune.

Vous les pères de famille, en vivant cette démarche de pèlerinage, vous avez voulu prendre soin de votre foi, et vous avez bien fait.
La foi n’est pas une évidence dans laquelle nous pourrions nous trouver de manière définitive. Nous devons prendre soin de notre foi, la nourrir, l’approfondir. On ne perd pas la foi par hasard, comme on perd un mouchoir, on perd la foi parce que parfois on n’en a pas pris assez soin.

On peut perdre aussi la foi à cause de la souffrance et des épreuves. À ce sujet, tous les cas de figure sont possibles.

Certains vont trouver ou retrouver la foi, la renforcer à l’occasion d’une épreuve. C’est le cas des deux personnes de l’évangile.
D’autres, au contraire, vont la perdre, se sentir abandonnés par Dieu, parce que la souffrance ou les épreuves sont intervenues. La question est complexe.

Ici aussi il me semble précieux de se tourner vers Louis et Zélie Martin.

Parfois, à l’issue d’une conférence sur Louis et Zélie Martin, des personnes me disent : « Vraiment, ils ont beaucoup souffert ». C’est vrai, leur vie n’a pas toujours été facile. Comme Jaïre dans l’évangile, ils ont connu l’épreuve de la maladie de leurs enfants. Quatre sont morts en bas âge.
Comme la femme de l’évangile, ils ont aussi connu la souffrance physique.

Ils n’ont pas été canonisés parce qu’ils avaient beaucoup souffert, ce serait une approche doloriste de la vie chrétienne. Ils ont été canonisés parce que dans la vie qui a été la leur – et qui en effet a connu des souffrances, mais aussi des joies et des satisfactions –  ils se sont toujours l’un et l’autre tournés vers le Seigneur. Ils n’ont pas hésité à se jeter à ses pieds.

Monsieur Martin aimait beaucoup faire des pèlerinages. Il en faisait en direction de cette petite colline près d’Alençon, la butte Chaumont. Il en faisait à la cathédrale de Sées. Il en faisait aussi à Paris.
Pour vous qui avez pèleriné pendant ces trois jours, confiez aujourd’hui vos intentions à la prière de Louis et Zélie. Demandez la grâce de la foi, la grâce de la confiance, la grâce de la joie. C’est le plus beau service que vous pouvez rendre à votre famille, mais aussi à notre société. Telle est notre prière aujourd’hui.

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