Quand les chrétiens professent leur foi dans le Credo, ils proclament : « Je crois en la résurrection de la chair », c’est-à-dire en la résurrection des corps. Chacun retrouvera donc, à la fin des temps, un corps ressuscité, que l’on qualifie de glorieux. Sur quoi se fonde cette croyance ? Quels sont les secrets des corps ressuscités ? Nous avons posé ces questions à don Pierre Gazeau, chapelain de Montligeon, pour l’émission Sanctuaires normands de RCF.
Nous allons ressusciter comme le Christ est ressuscité. Si la résurrection du Christ est le principe de notre résurrection, nous n’en connaissons pas pour autant les détails. Scientifiquement, nous ne savons pas ce qui s’est passé pendant la nuit de la Résurrection. Donc la foi ne répond pas à cette question du : « Comment ça va se passer ? »
Grâce à la résurrection du Christ, nous savons que c’est exactement avec notre corps et non pas avec un autre corps que nous ressusciterons. Ainsi, quand Jésus ressuscite, le signe de sa résurrection, c’est que le tombeau est vide. On aurait très bien pu imaginer retrouver le cadavre de Jésus dans le tombeau et simultanément voir Jésus ressuscité. Dans ce cas-là, Jésus serait ressuscité avec un autre corps que son corps terrestre. Or, on n’a pas retrouvé le cadavre de Jésus. Ce détail un peu trivial et très concret nous montre que le corps glorieux de Jésus ressuscité assume entièrement son corps terrestre.
Pourquoi les femmes et les apôtres, qui ont bien connu Jésus, ne le reconnaissent-ils pas ?
Le corps de Jésus ressuscité est à la fois le même corps et un corps différent que l’on qualifie de glorieux. C’est peut-être pour nous montrer cette différence que Marie-Madeleine, les disciples d’Emmaüs et les apôtres, dans un premier temps, ne reconnaissent pas Jésus. Mais ils finissent à chaque fois par le reconnaître, ce qui montre à la fois l’identité, la continuité de ce corps, et sa différence.
Va-t-on retrouver son corps jeune ?
La foi ne répond pas à la question du comment. Mais en regardant le corps de Jésus ressuscité, on peut vraiment réfléchir. Après sa résurrection, Jésus demande un poisson à ses disciples et il le mange, ce qui nous montre bien qu’il a un corps concret. Ce n’est pas un corps transparent, ni évanescent. Et puis, d’un autre côté, ce corps est aussi glorieux. Il a certaines propriétés qui dépassent ce que nous connaissons maintenant.
Celle de passer à travers les murs, par exemple ?
En effet, les évangiles rapportent que Jésus apparaît à ses disciples dans le Cénacle, alors que les portes sont fermées à clé. On peut donc supposer que le corps ressuscité de Jésus a la propriété de passer à travers le mur. Mais le danger de cette manière de voir, c’est d’en faire un corps de fantôme. Or, il faut quand même tenir que c’est un vrai corps.
J’aime bien l’interprétation qu’en donnent certains théologiens, comme Thomas d’Aquin. Si Jésus est entré au Cénacle de cette manière-là, ce n’est pas en raison d’une propriété de son corps ressuscité qui lui permettrait de passer à travers la matière, mais en raison d’un miracle permis par Dieu pour que Jésus soit là, au milieu d’eux. Un miracle, c’est quelque chose qui dépasse l’état naturel des choses.
Au ciel, nous parlerons !
Si Marie-Madeleine ne reconnaît pas Jésus en le voyant, elle finit par le reconnaître à sa voix. Effectivement, Jésus ressuscité parle à ses disciples, avec une voix qui est quelque chose de physique, de matériel. Et cette propriété du corps de Jésus ressuscité nous laisse penser que nous retrouverons en effet notre voix au ciel. Nous pourrons parler.
Ce que Dieu a fait en nous créant, Il va l’accomplir. Il ne va pas le supprimer pour faire quelque chose de nouveau. Dieu ne détruit pas la création pour faire une autre création. La nouvelle création est un accomplissement de celle qu’il a inaugurée et qui nous est racontée dans le récit de la Genèse.
Donc oui, apparemment, le fait de voir et d’entendre nous dit quelque chose de ce corps que nous recevrons glorieux à la Résurrection.
Quel intérêt de ressusciter avec un corps qui nous pousse sur terre à pécher ?
Quand le corps fait souffrir, on a envie de se débarrasser de la souffrance. Mais c’est aussi avec le corps qu’on peut boire un bon verre de vin, qu’on peut faire du sport, qu’on peut s’embrasser, qu’on peut passer du temps ensemble. L’intérêt de ressusciter avec un corps, c’est parce que le Seigneur nous a créés comme cela. Il ne nous a pas créés simplement comme une âme ou un pur esprit, comme peuvent l’être les anges. Il nous a créés comme des êtres humains, c’est-à-dire composés d’un corps et d’une âme. L’union d’un corps et d’une âme est telle que leur séparation n’est pas l’état naturel de la personne humaine.
En cela, nous pouvons dire que notre état sur terre aujourd’hui est meilleur que celui de ceux qui sont au ciel et qui voient Dieu. Cela peut paraître un peu curieux mais effectivement, les bienheureux n’ont plus leur corps et ils sont dans l’espérance de le retrouver. Ils sont dans cette joie infinie de voir Dieu mais ils attendent encore de voir leur corps et leur âme réunis. Ce qui est notre cas aujourd’hui.
Vous voulez faire quelque chose pour un proche défunt, dans l’espérance de le retrouver un jour ? Inscrivez-le à la Fraternité de Montligeon.