La résurrection fait débat dès l’origine de l’Église. La résurrection est-elle un mythe ? Sur quoi se fonde la foi en la résurrection ? Si Jésus est ressuscité, pouvons-nous le connaître, entrer en contact avec lui ? Réponses de Mgr Martin Viviès pour RCF.
La résurrection fait débat dès l’origine de l’Église. Dans les premiers symboles de la foi professés par les catéchumènes à leur baptême, tout particulièrement dans celui d’Hippolyte, on note une insistance sur la résurrection de la chair. Pourquoi ? Pour faire pièce à une hérésie du IIe siècle : le gnosticisme. Cette hérésie est toujours présente aujourd’hui sous une nouvelle forme contre laquelle le pape François nous met en garde. Il s’agit de vouloir réserver la foi chrétienne à une élite qui comprendrait plus que les autres. Et d’autre part à cantonner la foi dans le domaine de l’esprit. Or, la résurrection est un phénomène à la fois historique, concret, et transcendant, note le catéchisme de l’Église catholique.
Sur quoi se fonde la foi en la résurrection ?
L’évènement de la résurrection est un phénomène historique qui s’appuie sur le fait du tombeau vide et des linges roulés. Cela n’est pas extraordinaire, mais on voit dans l’évangile que c’est à partir de là que saint Jean a cru à la résurrection. « Il entra, il vit et il crut ». Ce fut pour lui un signe suffisant pour croire, c’est-à-dire pour adhérer à quelque chose qui le dépassait.
C’est aussi un phénomène transcendant car les choses ne sont pas revenues comme avant : Jésus est passé à une vie nouvelle. C’est le cœur du mystère. Les apparitions aux apôtres et à un grand nombre de disciples l’attestent. Saint Paul le mentionne plusieurs fois dans l’épître aux Corinthiens. Quand Jésus ressuscité apparaît à ses apôtres, ils ne le reconnaissent pas. Il leur assure qu’il n’est pas un esprit, demande à Thomas de le toucher et qu’on lui donne à manger. Il est capable de digérer du poisson. Il n’a pas besoin de manger, il n’a pas faim mais il a un vrai corps. Cependant, ce corps mène une vie d’un autre ordre.
Pouvons-nous entrer en contact avec Jésus ressuscité ?
Même si nos sens ne sont pas capables de voir la résurrection, nous pouvons entrer en contact avec le Christ ressuscité. Par le baptême, nous sommes en relation avec lui. Nous pouvons l’entendre par la Parole de Dieu et à travers l’Église. Nous pouvons aussi le toucher : maintenant que Jésus est ressuscité, notre contact avec lui reste un contact tactile à travers chacun des sept sacrements, dit le pape François dans l’encyclique Lumière de la foi (nn. 31.40 ; cf. Catéchisme 1504) ; nous touchons l’humanité du Christ ressuscité (id. 645).
L’Église nous dit que la résurrection est un phénomène actuel, historique qui nous permet de passer à une vie nouvelle. Par la résurrection, notre monde actuel est entré dans un monde plus grand. Nous pouvons même dire que le monde de Dieu est entré dans l’Histoire. Si nous pensons que Dieu n’est qu’un pur esprit, une énergie, un être suprême, nous le cantonnons dans un monde totalement hermétique au nôtre. Nous n’acceptons pas la possibilité de passerelles entre les deux. C’est nous qui mettons une limite à notre rationalité.
Dans son encyclique Fides et ratio sur les rapports entre la foi et la raison, Jean-Paul II explique que si l’on admet la possibilité que Dieu entre dans l’Histoire, alors notre raison s’élargit car elle est capable d’appréhender des choses qui la dépassent.
La preuve de la résurrection n’est-elle pas aussi à chercher du côté de la ferveur des disciples, puis des communautés chrétiennes ?
Dès le Symbole de saint Hippolyte, les premiers chrétiens ont insisté sur la résurrection dans la chair. La chair c’est quoi ? C’est les hommes concrets que nous avons en face de nous. Saint Jean dit : « Ce que nous avons vu, touché, nous vous le transmettons. » Aussitôt après il dit : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, celui-là ne connaît pas Dieu. » Il utilise le même verbe orao pour les deux. Depuis deux mille ans, l’Église a développé les œuvres de miséricorde car Jésus a dit que quand il reviendrait juger le monde, il le jugerait sur la miséricorde : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger…, j’étais prisonnier et vous m’avez visité… » C’est notre manière de nous occuper de l’homme concret qui nous fait entrer en contact avec Jésus dans la chair.
Le témoignage de la charité et aussi de la sainteté des personnes est une preuve de la résurrection. En effet, ils vivent leur vie ordinaire de manière héroïque, comme s’ils étaient habités par quelqu’un d’autre. Ce qu’ils font n’est pas possible humainement. À travers eux, on voit quelqu’un d’autre, on voit qu’une autre vie est capable d’entrer dans notre vie. L’Église reconnaît sans cesse de nouveaux saints. Sainte mère Teresa, par exemple a montré par sa propre vie, qu’une autre vie était possible et donc que Jésus était réellement vivant.
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