L’amore oltre la morte

L’amour s’arrête-t-il à la mort ou peut-il se prolonger par-delà la séparation physique ?
Comment continuer à vivre après la perte de l’être aimé ? Peut-on encore aimer celui ou celle avec qui nous avons partagé tant d’années dans le quotidien, l’intimité, la chair ? Lorsque le corps disparaît, l’amour subsiste-t-il ? Et s’il demeure, peut-il grandir encore, par-delà la mort ?

Nous avons posé ces questions à sœur Cécile, prieure de la communauté de la Nouvelle Alliance à Montligeon. Elle accompagne ceux qui traversent l’épreuve du deuil. Tendue vers l’espérance, elle nous confie son expérience auprès des personnes anéanties par la perte de l’être cher, et sa foi en un lien indestructible : l’amour par-delà la mort.

L’amour est plus fort que la mort ?

La mort a quelque chose de brutal : elle brise la relation concrète, physique, quotidienne. Elle interrompt le dialogue, le toucher, la présence corporelle. Pourtant, elle ne détruit pas tout. Il demeure un lien indestructible : celui de l’amour.

Comme le dit le Cantique des Cantiques, « l’amour est fort comme la mort ». Et saint Paul ajoute dans la première lettre aux Corinthiens : « L’amour ne passera jamais. » Même blessé, l’amour garde une force qui dépasse la mort. Il devient prière, mémoire, offrande. Il se transforme en une présence différente, plus intérieure.

Cette transformation n’est pas immédiate. Elle se fait peu à peu grâce à un allié précieux : le temps. Dans le deuil, il s’agit de retrouver la relation, mais autrement. Un amour nouveau peut alors naître : moins sensible, mais plus profond, plus spirituel.

Une communion vivante entre vivants et défunts

Ce lien d’amour rejoint la communion des saints, cette solidarité mystérieuse entre les vivants et les morts. Dans le Credo, nous disons : « Je crois à la communion des saints ». Cela signifie que les âmes de nos défunts, si elles sont auprès de Dieu, continuent à nous aimer. Pas seulement les grands saints du calendrier, mais aussi nos proches, ceux dont nous portons la mémoire.

Pour être auprès de Dieu, il faut aimer. Et même s’il reste des blessures ou des imperfections dans leur amour — ce que l’Église appelle le purgatoire —, ce temps de purification permet aux âmes de choisir pleinement l’amour. Elles nous aiment désormais avec un amour transfiguré, à l’image de Dieu.

Une présence qui se manifeste autrement

Beaucoup de personnes en deuil disent qu’elles perçoivent une présence, une paix, une forme d’amour intérieur. Ce n’est pas forcément un signe spectaculaire, mais une forme de sérénité qui revient.

Le Christ nous a dit : « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. » L’au-delà n’est donc pas seulement un ailleurs lointain ; il est aussi une présence intérieure, un lien qui se retisse dans la foi.

C’est dans cette communion avec le Christ que nous retrouvons nos défunts. Une image peut aider à le comprendre : celle de la roue de vélo. Le Christ est au centre. Plus nous nous rapprochons du centre, plus nous nous rapprochons les uns des autres, vivants comme morts. Ainsi, c’est dans le cœur du Christ que l’amour nous unit à nouveau.

Le deuil, un passage vers un amour transfiguré

Vivre un deuil, c’est entrer dans une nouvelle forme de relation. Un passage souvent rude, mais fécond. L’Évangile nous le montre à travers Marie-Madeleine : au matin de la Résurrection, elle veut retenir Jésus, mais il l’invite à une relation différente, non plus charnelle, mais spirituelle. Il en est de même pour nous : il nous faut apprendre à aimer autrement.

À Montligeon, sœur Cécile accompagne des personnes qui ont vécu des deuils très douloureux — parfois marqués par le suicide, les conflits ou le non-pardon. Beaucoup arrivent désemparés. Et pourtant, au fil du chemin, ils découvrent qu’il n’est jamais trop tard dans l’ordre de l’amour.

Même blessé, l’amour peut grandir. La prière, le pardon, la mémoire sont des chemins de transformation. Car l’amour vient de l’âme, et l’âme est immortelle. À la lumière de Dieu, nos défunts peuvent se repentir, nous demander pardon. Et nous, nous pouvons leur offrir notre pardon.

Dieu regarde non seulement ce que nous avons été, mais aussi ce que nous pouvons devenir dans l’amour. Et dans cette lumière, l’âme fait le choix de l’amour. C’est ce que l’Église appelle le jugement particulier : non pas une condamnation, mais une rencontre de vérité dans l’amour.

Ainsi, même après la mort, l’amour peut être transfiguré.

Retisser un lien avec vos défunts

Vous traversez un deuil ou vous souhaitez approfondir ce lien invisible avec ceux que vous aimez ?


Rejoignez une session de prière ou un groupe de deuil au sanctuaire de Montligeon.

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