Mon épouse est rentrée à l’hôpital au mois de juillet 2024 pour une rage de dents. Le médecin nous a finalement annoncé un cancer de la gorge. Nous nous sommes mariés trois jour avant sa mort. Je l’aime encore plus fort. À travers ce bouleversement brutal, il témoigne de son chemin de deuil.
La Halte Deuil
Cyril Loret vit en région parisienne. Originaire de l’île de La Réunion, il participe pour la première fois à une halte deuil au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon. Il y vient marqué par deux décès récents, dont celui de son épouse.
Une démarche qu’il initie presque par hasard, au fil de recherches en ligne. « C’est en cherchant comment traverser le deuil que je suis tombé sur des vidéos du sanctuaire. Et cela m’a donné envie de venir. »
Il ne sait pas trop à quoi s’attendre, mais ce qu’il trouve sur place dépasse largement ses espérances : « J’ai trouvé beaucoup de réconfort. On est un groupe, on partage tous cette même traversée, et ici, on rencontre une vraie famille. On peut s’ouvrir à cœur ouvert, sans crainte d’être jugé. Et surtout, on se comprend. »
Les premiers instants sont encore marqués par la pudeur. « C’est vrai qu’au début, on se jauge un peu. Mais dès le deuxième jour, on commence à se parler, à échanger vraiment. » Ce lien, il le ressent profondément. Et il accepte de confier à voix haute son histoire.
Ma femme est décédée
« Ma femme est décédée le 28 septembre 2024. » Lorsque Cyril évoque cette date, le silence s’installe. Quelques semaines auparavant, son épouse semblait simplement souffrir d’une rage de dents.
« Je l’ai emmenée à l’hôpital. Mais de fil en aiguille, les examens ont révélé un cancer de la gorge. »
Le choc est immense. Une infection pulmonaire complique les soins, empêchant tout traitement immédiat du cancer. Puis vient le verdict : « Les poumons vont mieux, mais le cancer est trop avancé. Ils ne pouvaient plus rien faire. Elle était condamnée. »
Face à cette issue inéluctable, Cyril choisit de l’accompagner jusqu’au bout. Ensemble depuis dix-sept ans, ils n’étaient pas mariés. « Avant qu’elle parte, je lui ai offert le sacrement du mariage. Nous nous sommes mariés le 25 septembre. Elle est morte trois jours plus tard. »
Il mesure ce que ce geste représente, au-delà de la souffrance. « C’était la plus belle preuve d’amour que je pouvais lui offrir dans ces circonstances. » Ce mariage, ils l’avaient désiré. « On voulait se marier depuis plusieurs années, mais entre le décès de mon père et ses soucis de santé, on avait toujours repoussé. » À l’hôpital, au moment d’annoncer l’inéluctable, Cyril prend contact avec l’aumônerie. Le mariage se prépare dans l’urgence, mais il ne fait aucun doute pour eux deux. « C’était un choix qu’on voulait faire. Un cadeau que je voulais lui faire avant qu’elle parte. »
Fidélité au-delà de la mort
Depuis ce jour, Cyril vit dans l’absence. Et pourtant, sa parole est traversée par une conviction forte. « Je me sens encore uni à elle. À la vie, à la mort. » Il médite souvent cette phrase : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. » Pour lui, ce lien d’unité traverse la mort elle-même. « Dieu nous unit sur la terre, et il nous unit au ciel. Je lui ai fait cette promesse : rester fidèle jusqu’à l’éternité. »
Le mot même de « veuf » lui semble étranger. « Le concept de veuf ou veuve n’a pas vraiment d’importance. Pour moi, nous sommes mariés, et nous le resterons toujours. » Sa foi lui donne une boussole, un fil de confiance dans le chaos du manque. « Je sais qu’on a encore tant d’amour à partager. Alors, en venant ici, je cherche aussi comment aimer autrement. »
La prière devient un langage nouveau, un pont entre les vivants et les morts. « Il existe d’autres manières de montrer l’amour qu’on porte à quelqu’un. Et la prière est sûrement la plus belle. Elle nous rapproche de Dieu, et donc de ceux qui sont partis. »
Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas
Malgré la souffrance, Cyril choisit d’honorer l’amour qui les unissait. « Pour moi, c’était la plus belle preuve d’amour que je pouvais lui offrir au vu des circonstances. » Bouleversé par la rapidité des événements, il garde pourtant une certitude : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. »
Répétée comme une prière, cette phrase traduit la fidélité profonde qu’il continue de vivre. « Pour moi, nous sommes mariés pour l’éternité. Le concept de veuf n’a pas vraiment d’importance. » Et il ajoute, sans hésiter : « Je lui resterai toujours fidèle. »
À Montligeon, parler fait du bien
C’est au détour d’une recherche sur internet que Cyril découvre le sanctuaire de Montligeon. « Je suis tombé sur des vidéos. En les regardant, j’ai eu envie de venir. »
Lors de la session de deuil, il trouve une écoute rare. « Ici, on peut parler à cœur ouvert sans être jugé. Tout le monde se comprend car chacun traverse la même épreuve. » Dès le deuxième jour, les barrières tombent : « Nous formons un vrai groupe, une vraie famille. »
La veillée de prière. le marque particulièrement, « On nous demande d’écrire un merci ou un pardon aux défunts. C’est un moment très fort. Toute l’émotion remonte. » Pour lui, ce temps partagé est essentiel : « Parler fait du bien. À Montligeon, on peut s’exprimer librement. »
Aimer autrement celle que j’ai perdue
Malgré la douleur, Cyril n’est pas anéanti. « C’est dur, je ne vais pas vous le cacher. Le manque est quotidien. Mais je me concentre sur ce qui est positif. »
Il sent grandir en lui un amour nouveau, nourri par la prière : « Je cherche un autre moyen d’aimer celle que j’ai perdue. » Et le plus beau moyen qu’il ait trouvé, c’est la prière.
Ma femme n’aurait pas voulu que je me laisse abattre. Elle n’aurait pas voulu me voir sombrer. Alors, je m’efforce de regarder les points positifs, même s’il y a des moments de solitude. A Montligeon j’ai trouvé beaucoup de paix. Heureusement qu’on a la foi. Sans la foi, on n’est rien.
Cette foi lui permet d’avancer, un pas après l’autre. Elle agit comme un baume. « Elle met du baume au cœur. Et elle nous pousse à continuer. »
Dans ce cheminement, Montligeon joue un rôle clé. « Je repars apaisé. J’ai envie de revenir. » Et il conclut par un appel : « À ceux qui vivent un deuil, n’hésitez pas à venir. Même si vous doutez, ici, tout le monde est à l’écoute. C’est un vrai soutien. »
Vous traversez un deuil ?
Comme Cyril, vous pouvez vous inscrire à une halte deuil au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon. Vous y trouverez écoute, prière et soutien fraternel.