Choisir l’espérance

Qui ne s’est jamais demandé « À quoi bon ? » face aux épreuves de la vie ? Georges Bernanos écrivait : « Le démon de notre cœur s’appelle à quoi bon. » Alors pourquoi choisir l’espérance quand tout part à vau-l’eau ? Le Père Charles Lenoir, chapelain au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, allume pour nous la flamme de l’espérance. Interview.

L’espérance, une vertu donnée par Dieu

« L’espérance est une vertu, c’est-à-dire quelque chose qui nous est donné par Dieu et qui nous permet de croire que l’avenir va se réaliser. Par conséquent, un bon avenir va se réaliser. »

Pour le Père Charles, l’espérance n’est pas une simple attente passive. C’est une force qui transforme notre présent. Benoît XVI soulignait dans son encyclique, Spe Salvi, que l’espérance n’est pas qu’une information, mais une réalité performative : croire en un avenir meilleur influence directement notre présent.

« Prenez un coach sportif, il ne commence pas par l’entraînement physique. Il insuffle à son équipe un moral de vainqueur. Celui qui part perdant arrive perdant. » L’espérance fonctionne donc de la même manière : croire en la possibilité d’un avenir heureux nous donne la force d’agir aujourd’hui.

Espoir et espérance : quelle différence ?

L’espoir et l’espérance sont souvent confondus, mais leur différence est essentielle. « L’espoir est vague, il repose sur des désirs incertains. Tandis que l’espérance chrétienne, elle, est précise. En effet, Dieu m’a créé pour être heureux, il veut que je partage sa vie bienheureuse et il m’aide à y arriver. »

L’espérance chrétienne ne repose donc pas sur une simple volonté humaine, mais sur la certitude que Dieu est à l’œuvre. En outre, elle donne une direction et un sens à nos vies, bien au-delà d’une simple attente incertaine.

Tourner la clé de contact de l’espérance 

« L’espérance n’est pas innée, elle est une vertu théologale donnée par Dieu. Toutefois, elle nécessite d’être entretenue. En effet, Dieu nous la donne, mais nous ne sommes pas des robots. Comme une voiture, il faut monter dedans et tourner la clé de contact, sinon elle n’avance pas. »

Donc nous ne sommes pas tous égaux face à l’espérance. Chacun répond différemment en fonction de son vécu et de ses choix personnels.
« Pourquoi certains avancent et d’autres non ? C’est un mystère lié à la liberté de chacun. » Pourtant, même lorsque tout semble perdu, nous avons toujours la possibilité de choisir l’espérance. Car nous n’avons jamais tout perdu puisque nous sommes vivants.

Espérer au cœur de l’épreuve

Comment continuer à espérer quand tout s’effondre ? « Quand on est au fond du trou, c’est le moment de donner un coup de pied pour remonter à la surface. »  Or, l’espérance est une décision intérieure, un choix personnel de ne pas se laisser engloutir par le désespoir.

Pour maintenir l’espérance, « Il faut identifier nos schémas catastrophes et décider d’y mettre un terme. En ce sens, la prière est un outil puissant : Seigneur, je décide de te faire confiance. » L’espérance ne vient pas toujours naturellement, mais elle se cultive à travers la prière et les sacrements, qui nous donnent la force du Christ.

L’espérance et la relation aux autres

L’espérance peut aussi passer par la rencontre avec l’autre. « C’est le cœur de la vocation de mère Teresa. Elle a voulu être le visage de Dieu pour tous les SDF de Calcutta qui mourraient dans les caniveaux. Elle a voulu que toutes ces personnes puissent mourir entourées par un sourire. » analyse le père Charles avec une émotion non dissimulée. L’espérance chrétienne ne se vit pas seulement en solitaire, mais dans le lien avec autrui, dans l’amour et la solidarité.

Le Père Charles témoigne lui-même de l’importance de l’espérance dans sa vie. Après un burn-out, il a compris que faire confiance à Dieu était une nécessité. « Si je n’avais pas décidé de faire confiance à Dieu, j’aurais sombré. Cette épreuve m’a appris à me reconstruire autrement, dans l’espérance. »

L’espérance est une question de vie ou de mort 

« L’espérance est une vertu héroïque. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prenaient faussement pour de l’espérance. L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques. L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme. » disait Georges Bernanos dans une conférence donnée en 1945.

Quatre-vingts ans après, le constat est le même, l’espérance est plus qu’un simple sentiment, elle est une vertu qui transforme notre vie. « C’est une question de vie ou de mort. Si je cesse d’espérer, je m’enfonce dans la mort. » Elle n’est pas une illusion, mais une force qui nous permet d’avancer, même dans l’épreuve. Elle se cultive dans la prière, dans les sacrements et dans le lien avec les autres.

Dieu ne nous abandonne jamais. À nous de choisir l’espérance et de la faire grandir chaque jour.

Confiez vos proches
à la prière du sanctuaire

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