Efficacité de la prière

La prière est au cœur de la vie chrétienne, mais son efficacité reste un mystère. Pourquoi certaines prières semblent-elles exaucées, quand d’autres restent sans réponse ? Ne vous est-il jamais arrivé de prier avec ferveur – pour la santé, l’amour, la paix, la réussite d’un examen – et de n’obtenir aucune réponse ? Ce silence peut laisser place à l’incompréhension, voire au doute. Le père Charles Lenoir, chapelain au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, éclaire cette question en rappelant que prier, c’est d’abord entrer en relation avec Dieu et lui faire confiance.

Une émission enregistrée pour RCF Orne-Calvados-Manche dans le cadre des « Sanctuaires normands ».

« C’est un instinct de survie, quand on est en difficulté, on appelle au secours. C’est spontané. Quand il n’y a plus de solution, l’instinct vital nous pousse à nous tourner vers quelqu’un dont on pense, au moins confusément, qu’il peut nous venir en aide. » Même le Christ, au moment de son agonie, supplie le Père : « Éloigne de moi cette coupe. » Et pourtant, il n’est pas exaucé. Le père Charles cite saint Augustin : « La prière n’a pas pour but d’instruire Dieu, mais de nous construire. » Il précise : « Dieu sait déjà ce dont nous avons besoin. Ce qu’il attend, c’est que nous nous tournions vers lui, que nous lui fassions confiance. »

Dieu peut-il agir sans notre foi ?

Dans les Évangiles, Jésus demande : « Crois-tu que je peux faire cela pour toi ? » Le père Charles insiste : « S’il ne rencontre pas la foi, il ne peut pas agir. La foi ne garantit pas l’exaucement automatique, mais elle ouvre un espace dans lequel Dieu peut agir.

Quand Dieu voit une grande foi, il se dit : je ne peux pas décevoir cette personne. Il est comme pris à son propre piège. Mais quand il sent qu’on doute, il est comme paralysé. »

Peut-on alors espérer une réponse si l’on demande, par exemple, à gagner au loto avec une foi immense ? Le père Charles répond en reprenant l’image d’un enfant qui veut jouer avec des allumettes. Même s’il insiste, sa mère dira non, car elle sait que c’est dangereux. « Dieu agit de la même manière. Il sait mieux que nous ce qui est bon. »

Pourquoi demander à Dieu ce qu’il connaît déjà ?

Si Dieu connaît déjà nos besoins, pourquoi lui adresser nos prières ? La réponse du père Charles est claire : « Pour construire notre identité filiale. » La prière, dit-il, apprend à nous tourner vers Dieu, à établir une relation confiante avec lui. « C’est ça, le but de la prière : être orienté vers lui, apprendre à dépendre de lui. »

Quelle est la réaction de Dieu face à notre prière ?

 « Il est content. Il est heureux comme un père ou une mère est heureux que son enfant se tourne vers lui, lui tende les bras, l’appelle. » Avons-nous aussi le droit d’être en colère si Dieu ne répond pas ? Le père Charles acquiesce : « Oui, on a le droit. Comme l’enfant à qui on interdit les allumettes peut se mettre en colère, faire sa crise. Mais plus tard, il comprendra que sa mère avait raison. »

Peut-on perdre la foi après une prière non exaucée ?

Je rapporte ici l’histoire d’une femme rencontrée récemment : à l’âge de sept ans, elle avait supplié Dieu de ne pas laisser ses parents divorcer. Ils se sont séparés malgré tout. Depuis ce jour, elle a perdu la foi. Le père Charles reconnaît qu’un tel risque existe : « Parce que nous sommes libres, et Dieu respecte cette liberté. » Il évoque les étapes du deuil : « La première réaction, c’est la colère, la révolte. C’est injuste. Et cela peut durer longtemps. » Cette femme, dit-il, est peut-être encore dans cette phase de révolte. Il la qualifie de « légitime ».

Y a-t-il des prières plus efficaces que d’autres ?

« La foi, c’est tout », affirme-t-il. Il raconte l’épisode évangélique de la Cananéenne : cette femme étrangère supplie Jésus de guérir sa fille. Jésus résiste, la repousse, l’humilie même. Mais elle insiste, humblement, jusqu’à obtenir gain de cause. Jésus finit par dire : « Femme, ta foi est grande. » Le père Charles commente : « Par sa foi, elle a fait changer d’avis Jésus. Peu importe la forme de prière. Ce qui compte, c’est la foi. »

Les neuvaines « irrésistibles » sont-elles efficaces ?

On nous propose parfois des dévotions qui garantiraient l’exaucement : neuvaines au Sacré-Cœur, à sainte Marthe, répétées neuf fois… Cela fonctionne-t-il vraiment ? « Non », répond le père Charles. La prière, ce n’est pas un bouton sur lequel on appuie. C’est une relation avec Dieu. Et pour que cette relation fonctionne, il faut la foi. Chacun a ses dévotions personnelles, ses saints préférés. Moi, c’est mon ange gardien ou saint Joseph. Mais ce qui compte, ce n’est pas à qui je m’adresse, c’est la foi que je mets dans ma demande.

Comment continuer à prier sans se décourager ?

Que faire lorsqu’on prie pour une chose objectivement juste — comme trouver un logement pour sa famille — et que rien ne se passe ?

Le père Charles répond qu’il faut éviter les hypothèses abstraites : « Dieu agit dans le réel. C’est dans des situations concrètes qu’il intervient. »

Que dire à ceux qui ont perdu la foi à cause d’une prière non exaucée ?

« Parfois, il n’y a rien d’autre à faire que de prier pour eux, avec persévérance », dit-il. Il partage alors un témoignage personnel : « J’ai prié pour la conversion de ma grand-mère pendant plus de trente ans, tous les jours. Elle était hostile à la foi. ». Un mois et demi avant sa mort, elle fait une syncope. À son réveil, elle demande à recevoir le baptême. Elle est baptisée, fait sa première communion. « On n’a jamais su ce qu’elle avait vu. » Il conclut : « Il ne faut pas se décourager. »

Confiez vos proches à la prière de l’Église : inscrivez-les à la messe perpétuelle

Au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, vous pouvez confier ceux que vous aimez à la messe perpétuelle. Qu’ils soient vivants ou défunts, ils bénéficieront d’une prière fidèle, portée jour après jour par toute l’Église.

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