Homélie de don Paul Denizot, messe de Noël

La fête de Noël, ou du moins tout ce qui tourne autour de cette fête, est souvent source de tensions. Dans ma famille, il y a des tensions liées à la préparation : qui fera la bûche rêvée, même si ce n’est pas le moment idéal ou si le résultat est incertain ? Des tensions autour des cadeaux, que l’on espère voir ravir leurs destinataires, sans être revendus le lendemain. Des tensions aussi lors des rencontres familiales : Noël chez la belle-famille, les leçons de morale sur l’éducation des enfants, ou encore la belle-sœur à qui tout réussit. Et parfois, des tensions dues à la solitude, à la tristesse de ne pas vivre un Noël « comme les autres ». Enfin, il y a les tensions liées à la préparation de la liturgie, pour que tout se passe parfaitement.

Mais en réalité, Noël est à l’opposé de cette tension. Il ne s’agit pas de « tendre », mais de recevoir et de se laisser toucher. Voici quelques réflexions autour de cette fête.

L’universel concret

Un moine m’a récemment demandé une recension sur un livre traitant de l’histoire de l’homme, où l’auteur, bien que controversé, tente de partir du particulier pour atteindre l’universel. Cela reflète notre aspiration humaine : à partir de nos expériences, nous cherchons à atteindre quelque chose de plus grand. C’est ainsi que naissent les lois universelles en science ou les réflexions en philosophie.
Ce qui est magnifique à Noël, c’est que l’universel – l’infini, le transcendant – entre dans le concret. Dieu, qui dépasse infiniment tout ce que nous connaissons, plonge dans l’histoire humaine. À travers l’incarnation, il se fait proche de chacun, non seulement des intellectuels, mais de tous, dans une proximité inouïe. Cette nuit-là, chaque berger était attendu, voulu et aimé par Dieu, dans un geste d’une immense universalité.

L’extraordinaire dans l’ordinaire

L’histoire de Noël est empreinte d’ordinaire : un couple quittant Nazareth pour Bethléem, une femme enceinte, un enfant qui naît. Derrière cette banalité apparente, Dieu y introduit l’extraordinaire : la manifestation des anges aux bergers, une manière d’attirer notre attention sur ce mystère.

Dieu ne se manifeste pas par magie, mais dans l’ordinaire de nos vies. Noël nous invite à consentir à cet ordinaire – nos épreuves, nos joies, nos chagrins – et à y reconnaître la présence de Dieu. L’amour, dans son essence, est ordinaire et pourtant extraordinairement beau. Peut-être est-ce le moment d’accepter de vivre pleinement cet ordinaire, d’y voir les grâces qu’il recèle, au lieu de courir après un extraordinaire illusoire.

Le Seigneur est notre paix

Le prophète Isaïe appelle l’enfant de Noël « Prince de la Paix ». Nous demandons souvent à Dieu de nous donner la paix, mais Noël nous révèle qu’il est lui-même la paix. En accueillant Jésus, nous accueillons cette paix dans nos vies, même au milieu des difficultés. C’est dans cette proximité avec lui que nous trouvons la sérénité.

Une année de l’espérance

Cette année sainte commence sous le signe de l’espérance, avec la naissance d’un enfant. Comme un enfant dans une famille, cet événement nous projette vers l’avenir. Mais cet enfant, Jésus, nous ouvre à une espérance bien plus grande, au-delà de l’histoire et du temps.

Il est notre paix, il est notre espérance. Joyeux et saint Noël à tous, et bonne année jubilaire de l’espérance. AMEN

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