Qu’est-ce qui a bien pu mener Christian Layral, un ancien fêtard drogué, à Montligeon ? À voir cet homme à la barbe blanche soigneusement peignée prier quatre heures par jour dans la basilique, on est loin d’imaginer son chemin de conversion.
Originaire de l’Aveyron, Christian naît dans une famille de paysans. Le Larzac tout proche dans lequel viennent s’installer dans les années 70 des hippies de tout poil séduit le jeune homme dès la fin de l’école. Il lâche tout pour aller faire la fête. Il entre alors dans une vie déconnectée de la réalité, une vie de la nuit. Dans les hallucinations procurées par toutes sortes de drogues, il pense trouver un jour la réponse à sa quête d’identité et d’absolu.
Un passage devant le juge le fait atterrir brutalement. Avant son procès, il travaille chez un serrurier pour faire preuve de bonne volonté. Poussé par sa quête de sens, il se penche vers l’ésotérisme et dévore les livres. Celui d’Henri Vincenot : Les étoiles de Compostelle est un révélateur. C’est décidé, il ira là-bas. Au bout du chemin parcouru sans un sou, Christian est accueilli par une institutrice espagnole, consacrée. Elle discerne que ce jeune homme de 27 ans aux cheveux de toutes les couleurs est un assoiffé de Dieu et l’envoie frapper à la porte des monastères français.
Christian Layral, l’enfant prodigue a retrouvé son Père
C’est finalement à la communauté des Béatitudes qu’il pose ses valises. En la fête de la Nativité de Marie, une confession est le déclic d’une prise de conscience douloureuse. Il réalise à quel point il a fait souffrir sa mère, puis son père et ressent une déchirure physique dans son cœur. Viennent alors les larmes, puis la joie complète et la réponse à toutes ses questions : « Nous avons été créés essentiellement pour cela : aimer Dieu ». L’enfant prodigue a retrouvé son Père.
“Je me dis que je suis au bon endroit pour prier pour elles”
Christian Layral habite désormais à Montligeon
Envoyé travailler à l’Arche pour s’occuper de personnes handicapées, Christian passe ensuite une dizaine d’années auprès d’un vieux prêtre hémiplégique, qui lui communique entre autres son amour pour l’Eucharistie. « Ce qui compte, c’est l’ouverture de ton cœur. » Voilà ce qui guide Christian désormais : ouvrir son cœur pour le remplir de l’amour de Dieu.
Après une vingtaine d’années comme aide-soignant, la retraite sonne. Mais à quoi l’employer ? « Prie », discerne-t-il. Ses pas le mènent alors à Montligeon où il peut prier sans cesse. Sa mission aujourd’hui : prier pour les âmes du purgatoire et tout particulièrement pour les personnes âgées dont il s’est occupé et qu’il a vu mourir en Ehpad. « Je me dis que je suis au bon endroit pour prier pour elles. »