Portes qui claquent, bruits de pas, esprits frappeurs et autres présences inexpliquées…, de nombreux témoignages évoquent ces étranges phénomènes qui glacent le sang. Les fantômes existent-ils ? Nous avons posé la question à don Paul Denizot, pour l’émission Sanctuaires normands de RCF.
Je suis fasciné par l’engouement de nos contemporains sur ces questions, alors que nous vivons dans un monde matérialiste qui ne croit plus à l’invisible. Et pourtant, dans notre Occident sécularisé, les fantômes et les esprits fascinent toujours. Pourquoi ? Est-ce pour se faire peur, comme ces personnes qui visitent des vieilles demeures la nuit avec des caméras pour nous faire partager un peu de frisson ? Est-ce la peur de la mort ? Ou bien est-ce tout simplement le fait de réaliser que notre monde est encore spirituel ? Auquel cas, ce serait plutôt une bonne nouvelle, sauf que cette quête part dans tous les sens et n’est pas toujours rationnelle.
Dans toutes les cultures, les fantômes sont les esprits des morts qui viennent hanter les vivants.
Les Égyptiens par exemple accomplissaient des rites funéraires stricts et rigoureux. Sans cela, ils croyaient que les défunts reviendraient et embêteraient les vivants. On le retrouve aussi dans certaines traditions romaines. L’historien Pline rapporte en effet une histoire de bruits mystérieux dans une maison qui ont conduit à la découverte d’ossements. Il raconte que le fait d’inhumer dignement ces ossements a permis de mettre fin à ces bruits.
Cette croyance en une porosité entre le monde des vivants et des défunts est répandue dans de nombreuses cultures, et notamment africaines. Elle pose la question du rapport du monde des morts et du monde des vivants.
Chez nous, la question des fantômes est très romantique. Elle date du XIXᵉ siècle et de la mode du spiritisme, et elle est assez sombre. Je me demande d’ailleurs si elle n’est pas venue remplacer le purgatoire chrétien.
Pour les catholiques, une fois qu’on est mort, on est soit au ciel, soit en enfer, soit en état de purification. Il n’existe pas d’entre-deux. L’Église ne croit pas aux âmes errantes qui se baladeraient ici ou là comme des âmes en peine.
Que dit l’Église sur les fantômes, les âmes errantes ?
On a quelques mentions dans l’ancien Testament, par exemple celle du prophète Samuel tiré du séjour des morts par la sorcière d’En-Dor à la demande du roi Saül. Le prophète lui enjoint de ne pas le faire revenir du monde des morts et lui annonce que lui le rejoindra.
Nous avons d’autres images, plus positives comme celle du grand prêtre Onias par exemple qui est mort et qui continue de prier pour Israël persécuté. Judas Maccabée, le voit en songe comme un intercesseur. La révélation chrétienne va aller plus loin et va affirmer que les défunts n”errent pas et qu’ils sont plutôt bienveillants vis-à-vis des vivants. Ils ne sont pas là pour nous faire peur mais toujours pour demander des prières.
Les âmes du purgatoire décident-elles d’apparaître par elles-mêmes ?
Nous avons effectivement dans la vie des saints des témoignages d’âmes du purgatoire qui sont venues s’adresser à eux : sainte Faustine dans ses rêves, Padre Pio au milieu de ses journées, saint Stanislas en Pologne, régulièrement dérangé par les âmes du purgatoire qui venaient implorer sa prière.
Si une âme se manifeste exceptionnellement dans un lieu ou elle a vécu, saint Thomas d’Aquin l’évoque, c’est une permission divine pour demander des prières aux vivants.
L’âme du purgatoire ne peut vouloir du mal aux vivants car elle est déjà dans la grâce de Dieu, dans l’amour. Elle est sauvée, elle est sans péché. Comme une pauvre, elle nous demande une seule chose : de prier pour elle, de hâter sa purification. En retour, elle priera pour nous.
- Quels conseils si l’on perçoit chez soi des manifestations étranges ?
- Si la pensée d’un défunt nous préoccupe ?
Les conseils de don Paul Denizot dans le numéro 320 de Chemin d’éternité, la revue du sanctuaire de Montligeon