Les groupes de prière de Montligeon, le témoignage de Prudence

Prudence est responsable du groupe de prière de la Chapelle Saint-Luc. Avant cela, elle accompagnait le groupe de prière des Mureaux. Elle continue de s’engager dans la charité, l’écoute et l’intercession pour les défunts. Son témoignage rappelle que prier pour les défunts n’est jamais une pratique isolée. A travers les groupes de prière qui se développent dans les paroisses, Notre-Dame de Montligeon continue ainsi de rassembler les pèlerins autours des trois piliers : prière, formation et charité, et c’est grâce à l’engagement de femmes comme Prudence. Témoignage.

Il y a treize ans, j’étais effectivement retournée dans mon pays, la Côte d’Ivoire. J’y ai rencontré ma tante Opportune, qui priait et qui était très attachée à mon livre. En rentrant, j’ai été comme saisie par l’Esprit pour venir ici. Je suis arrivée un soir, par un temps terrible. J’ai pris ma voiture et j’ai roulé jusqu’ici, dans des conditions atmosphériques épouvantables. Une fois sur place, j’ai rencontré Gisèle Bomal, et c’est là que j’ai fait ma première promesse. À la suite de cela, j’ai demandé au Père Abbé Chavannes de mettre en place ce groupe de prière. La grâce arrivée presque immédiatement, c’est que la paroisse, puis le diocèse, ont financé ma formation à Lille.

Ensuite, j’ai été admise à l’Institut religieuse de Paris où, pendant quatre ans, j’ai suivi une formation théologique en pastorale. Ce qui se passait alors dans mon âme, c’était cette conviction : prier, c’est bien, mais être charitable, c’est encore mieux. Offrir des suffrages pour les défunts, avec l’enseignement de la vie de l’abbé Buguet, nous fait apprendre beaucoup de choses de ce mouvement. Comment se laisse-t-on motiver ou porter par l’Esprit pour être charitable ? C’est vraiment une prière de charité.

Les gens ne le comprennent pas : ils disent que c’est pour les morts, mais non, c’est pour les vivants. C’est la prière de l’Église. Chaque dimanche, chaque semaine, chaque fois que l’Eucharistie est célébrée, nous prions pour les défunts.

C’est formidable de se dire qu’au quotidien, nous prions aussi pour eux en vivant simplement notre vie : rendre visite à un malade de la paroisse, se préoccuper de quelqu’un… Cela fait partie du même mouvement. On ne peut pas être dévot des défunts et rester insensible à ce que vivent nos frères et sœurs en communauté. Ce n’est pas possible.

Naissance d’un groupe de prière

Vous me demandez : quelles difficultés ? Comment cela a-t-il démarré ? Est-ce que, lorsque je suis rentrée dans ma paroisse, j’étais seule ?

Oui, il y a eu des difficultés. Je peux vous dire que cela a été la bagarre, parfois même des coups de poings. Les gens ne connaissaient pas, ils ne comprenaient pas : « C’est quoi cette histoire ? Qu’est-ce qu’elle vient nous raconter avec cette histoire plus dense ? » Heureusement, j’avais l’aval du curé, et il a fallu calmer ceux qui étaient agités. C’était réellement de l’agitation. Nous avons simplement évité un chapelet qui arrivait.

Ensuite, j’ai fait venir ce chapelet deux fois dans la paroisse, puis dans un doyenné. Quelques années plus tard, le mouvement a pris de l’ampleur : nous avons fait venir les sœurs et un groupe de chapelet. Cela a essaimé. Aux Mureaux, ils ont fini par adopter totalement la prière pour les défunts. Chaque année, ils viennent avec au minimum deux cars remplis. Au départ, nous étions cinq personnes. Pendant très longtemps, nous sommes restés cinq ; nous ne dépassions pas les doigts d’une seule main.

Prière et charité

Puis un jour, quelque chose s’est passé. Quoi exactement ? Venir dans ce sanctuaire. Comprendre ce qu’est la prière pour les défunts. Comprendre que nous sommes dans l’espérance. Il faut ensuite mettre cette espérance en action : il faut agir.

Aux Mureaux, j’étais aussi présidente d’une association. Elle distribuait des colis alimentaires, une épicerie sociale : cela nous permettait d’aider des familles. À côté de cela, j’étais directrice de l’accueil collectif de mineurs à la salle Sainte Marie, le patronage. J’étais en lien avec tous les parents, et cela a créé une vraie proximité. Nous parlions soit des enfants, soit du « panier de la ménagère », et très vite, nous revenions à cette charité dont je parle depuis tout à l’heure.

Aujourd’hui, ma vie a changé : j’étais mariée, et je suis veuve aujourd’hui. Mon mari est décédé en janvier 2023, cela fera trois ans l’année prochaine. L’an dernier, c’était la première fois que je venais ici après sa mort. Je me demandais comment j’allais vivre ce moment. En arrivant à Jérusalem (bâtiment du sanctuaire de Montligeon), je descends de la voiture, et je vois le groupe de prière des Mureaux qui repartait. Ils m’ont fait un accueil incroyable. C’était un signe, vous ne pouvez pas imaginer. Cela m’a portée. Et voilà : tout est reparti. Ici, c’est vraiment un lieu de grâce pour ceux qui pleurent. Le soulagement et le réconfort passent à travers les rencontres, les confessions, les sacrements.

Une mission qui continue

Aujourd’hui j’ai accompagné deux personnes pour leur promesse. Une petite histoire : j’avais perdu mon insigne, impossible de remettre la main dessus. J’ai dit à Marie (responsable des groupes de prière au sanctuaire) : « Je n’ai plus mon insigne ». Elle m’a convaincue que c’etait une bonne raison de refaire ma promesse et c’est comme cela que j’ai dû refaire ma promesse pour la deuxième fois.

Le décès de Marc

Mon époux est tombé malade : un cancer du poumon diagnostiqué en août 2022. Cela a duré cinq mois, et ce furent cinq mois d’un accompagnement fraternel intense. J’étais accompagnée par des sœurs et des frères, qui me suggéraient des choses. Nous avons fait son sacrement des malades. Ensuite, nous avons demandé une permission spéciale à l’évêque, accordée, pour qu’il fasse sa première communion et sa confirmation. Le père Yves Rannou, prêtre des Fils de la Charité, très proche de moi, montait quatre étages pour lui donner les sacrements, la prière et tout le reste…

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