« Quand on prie pour un proche disparu, c’est une manière de l’aimer », confie le cardinal François-Xavier Bustillo à la sortie de la messe de pèlerinage du 16 novembre 2025 à Montligeon.
L’évêque d’Ajaccio revient sur ce que signifie l’espérance face à la mort d’un proche et sur la communion qui nous relie aux défunts. Le contexte de ce pèlerinage, marqué par la diversité des groupes présents et par une grande ferveur, invite à relire notre attachement à ceux qui nous ont quittés. Dans ce climat de prière, le cardinal partage ce qui soutient sa propre mission et ce qui peut éclairer chacun dans sa relation aux personnes disparues.
Que représente Montligeon pour vous ?
Le cardinal François-Xavier Bustillo décrit Montligeon comme « un sanctuaire où l’on vient trouver le réconfort, la consolation et la communion avec tous ceux qui sont partis ». Chacun cherche à maintenir un lien d’amour avec les proches qui ne sont plus là. Dans ce sens, la prière offre une manière de demeurer en présence d’eux, sans renier la réalité de la séparation. Lors de ce pèlerinage, il a été frappé par la vitalité des participants. La présence du groupe des Mureaux a créé « une ambiance de joie », qui révèle la diversité de l’Église et, en même temps, son unité profonde. Cette diversité manifeste le dynamisme du corps ecclésial, où chaque personne trouve sa place et enrichit les autres.
La diversité de ceux qui viennent en pèlerinage
« Il est beau de voir qu’il y a de la diversité dans l’Église », explique le cardinal. Il évoque des personnes venues de continents, de traditions et de cultures variés, toutes rassemblées par la même foi. Il fait le lien avec la lecture du jour, qui rappelait la complémentarité des membres du corps du Christ. Cette image s’incarne aussi dans des sanctuaires comme Notre-Dame Montligeon. Le pèlerinage devient un lieu où chaque famille, chaque pays et chaque communauté apporte quelque chose de singulier. Cette rencontre de visages et de sensibilités confirme que la foi ne connaît pas de frontière. Elle se dit par des gestes simples, parfois par la joie ou le chant, parfois par les larmes ou le silence. Pourtant, dans cette diversité, il se dégage un mouvement commun : celui de l’espérance face à la mort.
Quelle espérance face à la mort d’un proche ?
Interrogé sur la manière d’aborder la mort d’un être cher, le cardinal Bustillo répond d’une voix calme : « Notre proche restera toujours dans notre mémoire et dans notre cœur. Il ne sera jamais disparu. » Ainsi, la prière pour un défunt ouvre un chemin de fidélité. Elle maintient vivant un lien d’amour, sans nier l’absence. Il ajoute : « Quand on a aimé, l’amour ne disparaît pas et celui qu’on a aimé veille sur nous. » Cette image des « racines dans le ciel » accompagne ceux qui traversent le deuil. Elle n’explique pas tout, mais elle offre un appui intérieur : les défunts continuent d’habiter notre vie autrement. Pour le cardinal, la prière aide à accueillir cette transformation. Avec cette conviction, l’espérance face à la mort devient une manière de tenir bon, de se savoir accompagné et de continuer d’aimer.
Y a-t-il un défunt que vous portez particulièrement aujourd’hui ?
Le cardinal ne cite aucun nom, mais confie : « Je pense très fort à des personnes qui sont passées dans ma vie et qui sont parties, des personnes qui m’ont beaucoup porté. » Il évoque la mémoire de ceux qui ont façonné sa vocation. Dans le sanctuaire, il leur adresse une prière simple : qu’elles continuent de soutenir sa mission. Cette parole rappelle que chacun porte en lui une constellation de visages, parfois joyeux, parfois douloureux, mais toujours précieux. La prière à Montligeon devient alors un espace où ces liens peuvent s’exprimer librement, sans crainte de faiblesse ou de nostalgie. Cependant, cette mémoire n’enferme pas : elle ouvre un mouvement de confiance. Peu à peu, elle aide à marcher vers l’avenir avec les défunts, non plus comme des absents, mais comme des compagnons invisibles.
Quelle intention confier à Notre-Dame Libératrice ?
Dans un monde marqué par des tensions, le cardinal Bustillo invite à cultiver les gestes qui donnent vie. « Il y a beaucoup de paroles mortifères et de signes mortifères dans ce monde. On a besoin de mettre en valeur la bénédiction et l’amour. » Aimer n’est jamais un simple sentiment : c’est un geste, parfois discret, qui crée du lien et restaure ce qui se brise. Il encourage ceux qui écoutent l’entretien à demeurer dans ce mouvement d’amour qui porte et relève. Cette perspective rejoint l’appel du sanctuaire : soutenir les vivants, prier pour les défunts, et avancer dans une espérance qui n’efface pas les blessures, mais qui les éclaire. Dans le même temps, il rappelle que chaque acte inspiré par l’amour devient une bénédiction pour quelqu’un, visible ou non, vivant ou défunt.















