Ceux qui vivent des épreuves, y compris des non-croyants, disent qu’ils font leur purgatoire sur la terre. Cette croyance est-elle fondée ? En d’autres termes, peut-on faire son purgatoire sur la terre ? Explications de don Paul Denizot dans l’émission Sanctuaires normands sur RCF.
Ce qu’on appelle purgatoire est une purification après la mort mais cette purification commence ici-bas dans nos vies. Chaque période de crise ou d’épreuve est une étape qui peut nous permettre de nous purifier, de grandir et de mûrir. Certaines épreuves sont plus fortes que d’autres comme la maladie par exemple. Et ce qui fait que c’est une sorte de purgatoire, c’est qu’elles sont l’occasion de vivre des purifications.
La souffrance comme chemin vers l’amour
Dans la souffrance, le critère n’est pas l’intensité, mais le fait que l’on apprenne à mieux aimer. Je pense à ces personnes autonomes et fortement indépendantes qui, par leur maladie apprennent à dépendre, demander, remercier ceux qui s’occupent d’elles. Il s’agit d’une purification de l’amour.
Quelle attitude d’âme cela suppose-t-il ?
C’est difficile d’en parler parce que c’est très mystérieux mais chez ceux qui vivaient des épreuves, j’ai pu voir de la confiance et surtout une volonté d’aimer par-dessus tout. Cela n’empêche pas l’incompréhension, les questionnements ou la révolte. Mais j’ai rencontré des personnes qui vivaient leur maladie avec le cœur large et non en mode survie.
En arrivant au ciel, ce n’est pas le poids de souffrance qui comptera car la souffrance est absurde et personne n’en veut. Ce que le Seigneur regardera, c’est le degré d’amour, c’est-à-dire la manière dont nous aurons appris à aimer et dont notre cœur se sera ouvert.
La souffrance sur terre n’est-elle pas pire qu’au purgatoire ?
Sans doute parce qu’au purgatoire, les âmes savent qu’elles sont sauvées et qu’elles vont goûter à la joie. C’est une certitude et une évidence. Pour nous ici-bas, la foi est une certitude profonde mais elle n’est pas une évidence et il y a des périodes où l’on se heurte au silence de Dieu.
Mais certaines rencontres m’ont montré mystérieusement que dans l’épreuve, il est possible de coopérer à l’amour et qu’il y a une grande dignité à la traverser. Pensons à ces personnes éprouvées que nous trouvons lumineuses.
Comment aider quelqu’un qui fait son purgatoire sur la terre ?
C’est difficile car on ne peut pas souffrir à sa place. Ce qu’elle vit est incommunicable et on ne peut parfois pas enlever sa souffrance. En revanche nous pouvons offrir notre présence et être à côté de la personne qui souffre, comme la Vierge Marie au pied de la croix. Elle ne sauve pas le monde, elle ne meurt pas avec son fils, mais elle est là et elle offre tout son amour à son fils. Avec lui, elle participe à la Rédemption. Et nous pouvons être comme elle, c’est-à-dire proches, en entendant la souffrance des personnes, en les écoutant et en leur manifestant notre affection.
Saint Thomas More priait Dieu de « supporter joyeusement son purgatoire ». Joyeux, le purgatoire ?
Le purgatoire, c’est toutes les épreuves qui nous arrivent, des plus petites (les contrariétés du quotidien) aux plus grandes (les longues maladies, les deuils). C’est aussi toutes les fois où ma volonté propre ne se fait pas et où je dois accueillir les choses telles qu’elles sont. C’est déjà une purification. S’entraîner à rendre grâce et à offrir nos contrariétés peut nous aider à vivre les épreuves joyeusement. C’est une grâce à demander.
Quand on souffre sur terre, qui peut nous aider ?
Quand on souffre sur terre, nous pouvons nous rappeler que nous ne sommes pas seuls et que le Christ est avec nous dans nos souffrances. C’est un acte de foi, c’est mystérieux et ce n’est pas évident. Mais le Christ est avec nous.
Dans la communion des saints, les saints du ciel intercèdent pour nous et nous avons une place dans le cœur de la Vierge Marie. Ici-bas à chaque messe, l’Église prie pour les personnes qui souffrent. On n’est jamais seul à souffrir.