Une Halte Deuil pour ma femme

Deux ans après le décès de son épouse, Daniel décide de participer à la halte deuil pour sa femme. Proposée par le sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, la Halte Deuil dure trois jours. Porté par le besoin d’apaisement, mais aussi par une quête plus intime, Daniel espère retrouver un peu de proximité avec celle qu’il a aimée pendant près de soixante ans.

Ma femme est morte depuis deux ans

Daniel vient du petit village normand de Bosroumoi, près de Rouen. Il a parcouru une centaine de kilomètres pour venir jusqu’au sanctuaire de Montligeon. Dès son arrivée, il est frappé par le bon accueil qui lui est fait.

 « Je tiens à remercier l’équipe d’accueil qui est très chaleureuse, ainsi que les prêtres, les sœurs. Ils nous écoutent avec intérêt et bienveillance. » Ce premier contact installe d’emblée un climat de confiance et de fraternité.

Mais ce qui le touche le plus, c’est son entrée dans la basilique. Daniel a perdu son épouse il y a deux ans. Assis sur un des bancs devant la grande statue de Notre-Dame Libératrice, il ressent comme une présence réconfortante. « Juste au-dessus, il y a un vitrail représentant l’Ascension du Christ. J’ai eu l’impression que mon épouse se trouvait là, au-dessus de moi. » Un sentiment de paix l’envahit.
« J’étais serein, reposé. »

La douleur est toujours là

Depuis deux ans, Daniel vit avec une blessure qui ne se referme pas. La mort de son épouse l’a plongé dans une douleur sourde et tenace. Pourtant, à Montligeon, il se passe quelque chose qui le remue de l’intérieur. « Je vous le dis honnêtement : la douleur est toujours là. Mais après cette halte, je me sens un peu consolé. » Ce n’est pas l’oubli, ni un réconfort immédiat, mais un apaisement réel, tangible, né de la prière, de la parole partagée et des enseignements reçus.

Il poursuit : « J’ai vraiment eu l’impression d’être plus proche de mon épouse. Grâce aux conférences, j’ai aussi appris beaucoup sur moi-même. Des choses que j’ignorais totalement. » Il parle de cette découverte comme d’un déverrouillage intérieur.

« Ces quelques jours m’ont permis d’ouvrir des portes, de comprendre des mécanismes que je ne soupçonnais même pas. »

En se livrant ainsi, Daniel évoque une sensation de mieux-être. « Assis dans cette basilique, je me sens bien. » Un sentiment qui l’ancre dans le présent, mais le tourne aussi vers l’avenir : « Je pense revenir sûrement en fin d’année. »

Crier après Dieu

Parmi les conférences proposées pendant la halte, la thématique du passage de la mort à la vie éternelle l’interpelle. « Ce qui m’a le plus touché, c’est l’enseignement sur la mort, le purgatoire, le paradis. Avant, je ne mesurais pas l’importance de ces réalités. » Ces questions l’habitaient depuis longtemps, sans réponse claire. « C’était quelque chose qui me perturbait. »

À Montligeon, il découvre une réponse fondée sur la foi et l’espérance chrétienne : « Maintenant, je sais que mon âme rejoindra celle de mon épouse, pour la vie éternelle, jusqu’à la résurrection. » Cette conviction, il la porte désormais en lui. « C’est ancré. Je serai moins triste en pensant à elle. »

Cependant, il ne nie pas la révolte qui l’habite.
« Depuis deux ans, j’éprouve une vraie colère intérieure. J’en veux un peu à Dieu d’avoir pris mon épouse. » Cette incompréhension, il l’exprime pour la première fois pleinement dans le cadre de la halte. Un prêtre lui donne une parole libératrice : « Il m’a dit : “Crie après Dieu. Dis-lui que tu n’es pas content. Il comprendra, et tu recevras encore plus.” »

Ces propos libèrent l’expression de sa colère contenue. « Cette parole m’a permis de déposer quelque chose. Je ne dirai jamais que ma douleur disparaît, mais cette halte deuil m’a fait beaucoup de bien. »

Dieu nous unit à jamais

Daniel a vécu près de soixante ans de vie commune avec son épouse. Ensemble, ils ont élevé leurs enfants, vu grandir leurs petits-enfants. Aujourd’hui, il s’apprête à devenir arrière-grand-père. « La rupture a été très difficile. La vie avec elle était merveilleuse. »

Mais son espérance dépasse cette vie terrestre :
« J’espère qu’au paradis, nous aurons une vie encore plus belle. Une vie dans les bras de Jésus et de Dieu. » Il ne s’agit pas seulement d’une projection, mais d’un acte de foi. « Dieu nous unit à jamais. Même si les couples se séparent ici-bas, dans le cœur de Dieu, ils sont toujours ensemble. »

Les paroles d’une sœur l’ont bouleversé dans sa chair. « Elle m’a dit : “Daniel, ton épouse est au dortoir — le cimetière —, son corps est là, mais son âme est montée au ciel. Et plus tu l’aimes, plus elle est heureuse.” » Cette phrase chamboule quelque chose en lui. « Depuis, je l’aime encore plus. Je suis triste, bien sûr. Mais je ne suis plus triste comme au premier jour. »

Un mouvement de guérison

Daniel en est convaincu, cette halte a transformé son cœur, l’ouvrant à un amour plus fort. Et pourtant, il reconnaît que le premier pas n’est pas facile. « La première fois, on ne connaît personne. C’est un peu intimidant. » Mais la simplicité de la vie partagée change vite les choses. « On prend les repas en commun. Et là, très vite, les langues se délient. On parle de nos défunts. On peut pleurer ensemble. »

Cette fraternité vécue devient un levier pour la consolation. « En deux ou trois jours, on a l’impression de se connaître depuis toujours. » Il invite donc sans détour ceux qui hésitent à franchir le pas : « Essayez au moins une fois. La douleur sera toujours là, mais croyez-moi : ça fait énormément de bien. » Cette halte deuil n’efface pas la souffrance, mais elle la place dans un mouvement de guérison.

Vous vivez un deuil ? Venez, comme Daniel, déposer votre peine et raviver votre espérance au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon.

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