Le sanctuaire de Montligeon organise un pèlerinage le 13 mai pour la fête de l’Ascension. Il est présidé par don Paul Préaux, modérateur général de la communauté Saint-Martin. Mais quelle est la signification de cette fête ? Faut-il pleurer le départ du Christ ou se réjouir ? Éclairage de don Jean-Marie Le Gall, ancien recteur du sanctuaire.
Fêter l’Ascension à Montligeon
Programme :
9 h – Laudes
11 h – Messe présidée par don Paul Préaux, modérateur général de la communauté Saint-Martin. [DIRECT]
14 h 30 – Chapelet et confessions [DIRECT]
15 h – Enseignement : “La vie éternelle” [DIRECT]
15 h 45 – Vêpres et salut du Saint-Sacrement. [DIRECT]
En entrant dans le Royaume, il nous donne l’espérance de le rejoindre un jour.
Venez au sanctuaire de Montligeon ou suivez la célébration de cette fête en direct sur Youtube :
L’Ascension, faut-il pleurer le départ du Christ ou se réjouir ?
Un premier et rapide regard pourrait faire penser que l’Ascension est le mystère du départ de Jésus. En allant plus loin, on voit que l’élévation de Jésus dans le ciel vers Son Père est aussi le signe d’un autre mystère, que nous connaissons déjà : le mystère de l’Emmanuel, le mystère du « Dieu-avec-nous », le mystère de l’Incarnation. Car n’est-ce pas dans l’Ascension de cette nature humaine au ciel que l’union des deux natures est la plus parfaitement manifestée ?
Le mystère de l’Ascension n’est pas un mystère de séparation
Le mystère de l’Ascension non seulement est signe, mais aussi réalisation explicite de ce mystère du Dieu-avec-nous. Car la finalité du mystère de l’Incarnation n’est-elle pas de permettre à notre nature humaine de retrouver la nature divine, de retrouver la demeure du Père ?
Et n’est-ce pas aujourd’hui, lorsque la tête de l’Église pénètre dans le sanctuaire du ciel, que se réalise déjà la promesse que le Corps aussi pénètrera dans la demeure du Père ?
L’Ascension est donc bien mystère d’alliance du Dieu-avec-nous, Alliance nouvelle et éternelle signifiée dans l’Eucharistie. Loin d’être un mystère de séparation, l’Ascension est un mystère d’union entre la terre et le ciel. C’est d’autant moins un mystère de séparation que le Royaume des cieux ouvert à l’homme par l’Ascension, est déjà le Royaume de Dieu dans le cœur de l’homme ouvert à la vie de l’Esprit. « Le Royaume de Dieu est au-dedans de nous »
Le Royaume de Dieu n’est pas une réalité virtuelle ou inconnaissable !
C’est une réalité présente en Jésus- Christ et appelée en Jésus-Christ à se développer dans l’âme. Le Royaume de Dieu c’est d’abord le rayonnement de la présence divine par, dans et à travers notre vie. Et lorsque nous laissons couler du vase de notre âme cette source divine d’amour sur le prochain, nous ne faisons que vivre à la manière de Dieu : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
En regardant le Royaume de Dieu comme ce débordement de la vie de Dieu à travers l’homme, on comprend que le commandement de s’aimer les uns les autres comme Il nous a aimés, soit le critère d’adhésion à sa Personne et à son Royaume : « C’est à cela que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres comme je vous ai aimés » !
Illustration : L’Ascension, John Singleton Copley, 1775, Museum of Fine Arts Boston
Dieu à genoux montre à l’homme la dignité de sa vocation
On saisit en effet que Jésus ait voulu accompagner cette recommandation de l’amour par le signe si parlant du lavement des pieds, marquant ainsi l’exigence de l’écoute et du soin mutuel. Jésus à genoux devant ses apôtres nous révèle un Père à genoux devant ses enfants puisque ceux-ci sont appelés à être des débordements de sa vie divine sur le monde !
À genoux devant l’homme, Dieu nous montre que sa vie, dans son Fils, est égale à la vie de l’homme : Il offre son Fils pour prendre l’homme ! Et pour que l’homme, à son tour, soit ce par quoi la vie et l’amour de Dieu envahissent le monde !
Quand je serai élevé, j’attirerai tous les hommes à moi
La Croix, qui apparaissait en filigrane derrière le lavement des pieds, reste présente dans le mystère de l’Ascension. Dans ces deux épisodes de la vie de Jésus, il est question d’élévation et de retour au Père : « Père glorifie ton Fils de la gloire qu’Il avait auprès de toi ! » (Jn 17, 5)
En lien avec le commandement de l’amour, la Croix anticipée prévenait que ce mystère de la charité fraternelle ne serait pas facile à vivre car l’amour exige un oubli total de soi au profit de l’autre, comme le Christ nous l’a montré.
En lien avec l’Ascension, le souvenir de la Croix nous rappelle que sortir de soi et suivre Jésus sur la route du Royaume, exige de « prendre sa croix chaque jour ». Mais Dieu ne nous laisse pas sans nourriture pour cheminer vers le Royaume ! Par les sacrements, Dieu comble nos âmes de son Esprit d’amour qui nous élève vers Lui dans le ciel de notre âme et nous tourne vers nos frères de la terre…
Don Jean-Marie Le Gall, ancien recteur de Montligeon, Chemin d’éternité n°256, mai/juin 2013.