Chapelain du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, le père Charles Lenoir témoigne de l’espérance et de la bonté de Dieu.
Avec son pas de montagnard, ce Savoyard d’origine fait plusieurs fois par jour l’ascension du petit village de la Chapelle-Montligeon pour célébrer la messe, confesser, accueillir des pèlerins à la basilique ou prêcher sur les fins dernières. « Je mets l’accent sur la solidarité qui existe entre les trois niveaux de l’Église : celle d’ici-bas, celle du purgatoire et celle du ciel et je fais découvrir les moyens d’aider nos défunts », explique-t-il.
Le purgatoire est l’antichambre du paradis
À ceux qui pensent que le purgatoire, c’est « l’enfer sans sa dimension d’éternité », il rétorque que c’est plutôt l’antichambre du paradis, c’est-à-dire un lieu « où l’on aime davantage que sur la terre, où l’on apprend à aimer jusqu’à ce que l’on ait 20/20. S’il y a une souffrance, elle est plutôt de l’ordre de celle du sportif.»
Le père Charles Lenoir
Avant d’arriver à Montligeon en 2023, ce prêtre a roulé sa bosse sur pas mal de chemins comme moine, prêtre diocésain, exorciste du diocèse de Sées, prêtre en foyer de charité. Des moments de lumière jalonnent sa vie, comme par exemple à 17 ans quand la nécessité de prier fortement s’impose à lui.
La bonté de Dieu
Depuis, il ne manque pas de dire son chapelet chaque jour : « Je pense que j’ai reçu le don de la prière. » Ou encore cette retraite récente qui lui fait prendre conscience que « pour remplir un verre, il faut qu’il soit vide. C’est-à-dire qu’il faut s’effacer pour qu’un autre beaucoup plus fort puisse prendre la place. Dieu déploie sa force dans ce qui est pauvre. »
Il comprend alors que l’espérance est le fait de compter davantage sur Dieu que sur soi. « Il suffit juste de lui offrir notre incompétence et de dire « Me voici. »
Dans l’extrême faiblesse, l’espérance
La silhouette un peu voûtée du père Charles met aussi sur la voie d’un accident de parcours très contemporain : un burn-out. « Cela a été très difficile, même si je reconnais maintenant que c’est un bien. Je m’étais construit un rôle de gros travailleur corvéable à merci mais mon corps s’est mis en panne. Progressivement cette longue épreuve m’a appris à dire que si je ne peux plus, Dieu peut en moi. »
Retrouvez le père Charles et d’autres témoignages dans Chemin d’éternité, la revue du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon.
Vos impressions sur le sanctuaire ?
Je n’arrive pas en terrain inconnu à Montligeon ; je connais cet endroit depuis bientôt 30 ans. J’ai été surpris par le nombre de personnes qui viennent se confesser, des gens de tous âges et de tous milieux.
C’est un sanctuaire qui est très vivant et donc de plus en plus de gens qui viennent. Donc c’est aussi ça fait plaisir. On n’est pas dans quelque chose qui est en train de mourir. Au contraire, c’est un sanctuaire qui est vivant.
J’essaie de mettre l’accent sur la solidarité qui existe entre les trois niveaux de l’Église. Il me semble qu’un des points forts du Père Buguet a été de faire redécouvrir qu’on fait partie de la même famille. Voilà qu’il y a ceux qui sont vivants ici bas, ceux qui sont au purgatoire, ceux qui sont au ciel. On fait partie de la même famille. Il me semble important de faire prendre conscience de cette solidarité en aidant les gens, à leur demande, à célébrer des messes pour les âmes du purgatoire.
Le Purgatoire dépoussièré
Pour beaucoup, le purgatoire. C’est comme l’enfer avec l’éternité en moins. Bien, non, ce n’est pas du tout ça.
C’est plutôt une étape vers le paradis. Les âmes au purgatoire sont heureuses car elles avancent vers le bonheur, bien qu’il ne soit pas encore complet. Les âmes au purgatoire aiment davantage que lorsqu’elles étaient sur terre. Comprendre cela change notre vision du commandement du Christ : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé.” Après la mort, nous sommes évalués sur notre capacité à aimer. Le purgatoire est là pour nous aider à apprendre à aimer pleinement.
Peut-être qu’on souffre dans le purgatoire, mais c’est comme un sportif qui se dépasse pour devenir meilleur. Et pour exprimer notre amour, avons-nous vraiment besoin d’un corps ? Bien sûr, le corps est important, mais l’amour peut être exprimé même sans lui.
Votre prière pour les âmes du purgatoire ?
Faire acte de charité peut être aussi simple que de dire à quelqu’un “je pense à toi”. J’essaie de ne pas oublier ceux qui sont partis et de les inclure régulièrement dans ma prière.
Quand on me demande de prier pour quelqu’un, je dis tout de suite un “Je vous salue Marie”. Thérèse de l’Enfant-Jésus avait le même problème de mémoire, donc maintenant je dis simplement : “Jésus, tu les connais, je te confie toutes ces personnes”.
Comment avez-vous vous rencontré le Christ ?
Je suis rentré au monastère à l’âge de 27 ans. Né dans une famille chrétienne, je n’ai jamais perdu la foi. Il y a eu des moments dans ma vie où le Christ m’est apparu plus proche. La première fois, à 17 ans, j’ai pris la résolution de dire mon chapelet tous les jours, et je ne l’ai jamais négligé. Plus tard, lors d’une retraite en tant que moine, j’ai découvert l’adoration eucharistique, ce qui a marqué un avant et un après dans ma vie spirituelle.
Les Vertus de l’Humilité
Il y a quelques années, j’ai pris conscience de l’importance de l’humilité dans la vie chrétienne. L’humilité, c’est laisser Dieu agir en soi, laisser de la place pour que sa grandeur puisse s’exprimer à travers notre vie. C’était une véritable illumination pour moi.
Guidé par Sainte Thérèse
J’ai eu un burn-out quand j’étais moine, ce qui m’a obligé à reconnaître ma faiblesse et à laisser Dieu œuvrer en moi. Cela m’a appris à faire confiance au Seigneur dans ma fragilité, car je ne pouvais rien faire d’autre. C’est Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui m’a aidé à traverser cette période difficile. Ses écrits sont devenus pour moi une source d’inspiration et de réconfort.