Le purgatoire, une purification dans l’amour ?

Le purgatoire peut apparaître comme une réalité obscure ou has been. Pourtant, qu’il attire, qu’il dérange ou qu’il repousse, nous constatons à Montligeon un regain d’intérêt pour cette vérité de foi. Et s’il était tout simplement une purification dans l’amour ? Don Paul Denizot, recteur du sanctuaire et coauteur du livre Le purgatoire dans tous ses états (EdB) scrute le purgatoire à la loupe pour la revue Chemin d’éternité n°321.

Don Paul Denizot est recteur du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon depuis 2018. Il donne des cours de théologie dogmatique au séminaire de la communauté Saint-Martin à Évron, et est le coauteur du livre  Le Purgatoire dans tous ses états (EdB).

Qu’est-ce que le purgatoire ?

Pour la foi catholique, le purgatoire est un temps de purification après la mort pour l’âme sauvée et pardonnée, mais qui n’est pas encore totalement ouverte à l’amour de Dieu et du prochain à cause des séquelles de ses péchés. La justice et la miséricorde de Dieu la guérissent, la sanctifient pour la préparer à la joie du Ciel. C’est l’antichambre du paradis, comme le père du fils prodigue le prépare avant de le faire entrer dans la salle du banquet.

Souffre-t-on réellement au purgatoire ? 

Effectivement, il y a une part de souffrance au purgatoire qui est une souffrance d’amour, la souffrance du désir de la vision de Dieu. Elle seule peut combler définitivement notre cœur et nous rendre pleinement heureux. Ce n’est sûrement pas une souffrance punitive ou vindicative. 

La purification du purgatoire est à la fois souffrance et joie, parce que l’âme sent qu’elle va goûter à ce bonheur, mais qu’elle ne l’atteint pas encore, comme deux fiancés qui savent qu’ils vont bientôt se retrouver. Plus le temps passe, plus le désir et la joie augmentent mais plus l’attente devient insupportable.

L’âme connaît aussi une autre souffrance, celle de sa transformation quand elle se détache des liens du péché. Il s’agit de réordonner certaines choses, un peu comme dans une cure de désintoxication qui permet de libérer d’une addiction. Le sevrage est toujours douloureux, mais il nous rend libres et en bonne santé. 

Le mot « expiation » peut faire peur…

Expier ne consiste pas à subir une justice extérieure, mais à accueillir la justice et l’amour de Dieu pour se laisser transformer et libérer. Au purgatoire, il n’y a ni regrets, ni remords mais la componction, c’est-à-dire les larmes de se savoir aimé même si nous avons été infidèles à cet amour. C’est aussi la confiance en la miséricorde de Dieu qui est toujours plus grande que mes péchés et que toutes leurs conséquences. 

L’expiation n’est donc pas extérieure, mais intérieure et transformante. Elle ne me consume pas, elle me guérit. Je pense à des personnes qui auraient commis de graves crimes et qui, à la fin de leur vie, se seraient ouvertes au pardon de Dieu. Si le pardon leur est donné, elles ont besoin pour goûter pleinement à la joie du Ciel de réparer les injustices qu’elles ont commises. C’est la justice du purgatoire, qui ne va jamais sans la miséricorde.

Retrouvez la suite de cet article sur la purification au purgatoire dans Chemin d’éternité n°321

Un commentaire

  1. de @Charlotte-k6k2i : “Pouvons-nous offrir notre communion aux âmes du purgatoire lorsque nous allons à la messe ?”

    Oui, nous pouvons offrir notre communion eucharistique pour un défunt (dans le cadre par exemple d’une demande d’indulgence plénière pour lui)
    Et d’ailleurs le saint père concède une deuxième indulgence plénière journalière pour les défunts dans la note sur l’indulgence plénière concédée durant le Jubilé ordinaire de l’année 2025 :
    « Nonobstant la norme qui empêche de recevoir plus d’une fois par jour l’Indulgence plénière (cf. Enchiridion Indulgentiarum, IV ed., norm. 18, § 1), les fidèles qui auront fait œuvre de charité en faveur des âmes du purgatoire, s’ils accèdent légitimement au sacrement de la communion une seconde fois le même jour, pourront recevoir deux fois l’Indulgence plénière, applicable seulement aux défunts (à l’intérieur d’une célébration eucharistique, cf. can. 917 et Commission pontificale pour l’interprétation authentique du CIC, Responsa ad dubia, 1, 11 juillet. 1984). C’est un louable exercice de charité surnaturelle ainsi accompli à travers cette double oblation. Ainsi est manifesté le lien, à l’intérieur du Corps mystique, entre les fidèles encore en pèlerinage sur la terre, et ceux qui sont au terme de leur chemin, du fait que « l’Indulgence jubilaire, en vertu de la prière, est destinée de manière spéciale à ceux qui nous ont précédés afin qu’ils obtiennent la pleine miséricorde » (Spes non confundit, 22). »

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