Et si le carême était l’occasion de redécouvrir les bienfaits du jeûne ? Pour faire de la place et stimuler l’amour, explique le père Charles Lenoir, chapelain à Montligeon.
Revenir à Dieu, tel pourrait se définir le carême. Revenir suppose que nous nous soyons éloignés. Pour comprendre comment on s’éloigne de Dieu, une image peut nous aider. Ainsi, être chrétien consiste souvent à ramer à contre-courant des valeurs du monde qui nous entoure. Et à le remontre vers la source qui est le Christ. C’est un combat, une lutte et si l’on s’arrête de ramer, le courant nous entraîne et nous nous éloignons de la source.
Le temps du carême nous est donc proposé pour faire le point. Est-ce que je n’ai pas arrêté de ramer ou seulement ralenti ? Les trois points du carême où des efforts nous sont proposés , vous les connaissez : prière, jeûne et partage. Prière et partage, nous connaissons bien ; le jeûne est plus mystérieux.
Pourquoi jeûner ?
Pourquoi s’imposer des privations ? Une phrase de l’évangile peut nous mettre sur la piste : Heureux, vous qui avez faim maintenant: vous serez rassasiés ! Or, on ne peut remplir qu’un récipient qui est vide ; s’il est plein, on ne peut rien y mettre. Vous avez peut-être déjà rencontré des gens qui ont l’instinct de conservation et qui gardent tout : les journaux, les emballages, les publicités, les vieux bouts de ficelle, etc. “On ne sait jamais, disent-ils, cela peut toujours servir”. La maison est remplie, on peut à peine y rentrer, le garage est plein à ras bord, et évidemment la voiture couche dehors.
Le jeûne fait de la place
Eh bien notre cœur est un peu comme cela. Il y a tellement de choses dedans que Dieu n’a plus de place, il couche dehors comme la voiture ! En jeûnant, nous allons faire de la place dans notre cœur. Nous allons réorienter notre désir vers les biens spirituels en nous privant volontairement des biens matériels. On peut jeûner de nourriture mais aussi de tabac, d’alcool, de télévision, d’Internet et de beaucoup d’autres choses. Et même d’attitudes toxiques : la tristesse, l’habitude de râler, de voir le verre à moitié vide, etc…
Le plus grand des bienfaits du jeûne : stimuler l’amour
Le jeûne a aussi un autre avantage, il stimule l’amour. Il nous entraîne à aimer mieux et davantage. Pourquoi ? Parce l’amour consiste dans le don. Aimer, c’est donner, tout donner et se donner soi-même disait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Et le contraire de l’amour, c’est l’égoïsme, c’est à dire prendre pour soi, attirer tout à soi.
Si nous voulons être honnête, nous devons reconnaître que nous avons tous une bonne dose d’égoïsme en nous. Par le jeûne, je vais attaquer cet égoïsme. Je vais inverser cette attitude. Et faire de cet acte une offrande. « Pour te dire Seigneur que je te préfère à tout, que je t’aime par-dessus tout, je vais te le prouver par des actes. Les paroles, c’est facile mais cela ne me coûte rien. Je vais renoncer à quelque chose que j’aime bien et ainsi je te dis en vérité que je t’aime plus que cette chose. »
Père Charles Lenoir,
chapelain au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon
Retrouvez une nourriture spirituelle pour votre carême dans le dernier numéro de Chemin d’éternité, la revue du sanctuaire de Montligeon