On connaît bien la formule célèbre du philosophe Karl Marx : « La religion est l’opium du peuple ». Selon lui, la religion permet à l’institution ecclésiale ou étatique de conforter les pauvres dans leur statut inégalitaire, d’anesthésier leur révolte en leur faisant miroiter un hypothétique salut. Mais l’Eglise ne prône pas la passivité face à la souffrance. Au contraire l’espérance peut être un soutien fondamental dans la vie. Analyse de don Pierre Gazeau, au micro de Guillaume Desanges pour RCF Orne-Calvados-Manche.
L’Eglise ne prône pas la passivité face à la souffrance
L’opium est une substance qui endort et apaise la souffrance. Marx critique la religion en disant qu’elle fait exactement la même chose : elle endort le prolétariat qui souffre et ne peut donc pas se révolter. Mais l’Église ne prône pas la passivité face à la souffrance. Bien sûr qu’il faut se révolter contre la souffrance et le mal ! Dieu s’est justement fait homme pour nous sauver du mal. Le Christ nous révèle que nous ne sommes pas seuls dans ce combat. Il agit en nous par la grâce. Là est notre espérance.
La sainte Vierge a dit à sainte Bernadette : « Je ne vous promet pas de vous rendre heureuse dans ce monde mais dans l’autre. » Cette phrase semble signifier qu’il faut serrer les dents ici-bas, en espérant que ce soit mieux après, mais sans garantie. Bernadette ne l’a pas comprise ainsi. Elle a été heureuse, malgré les épreuves de sa vie sur la terre. À la dernière apparition, elle décrit sa grande joie d’avoir vu la Vierge Marie si belle. On voit qu’elle goûte déjà à ce bonheur. Cette phrase peut être lue autrement, en disant que la Vierge Marie promet à la petite bergère de Lourdes de prendre soin d’elle et de la rendre heureuse.
Ce qui manque à notre monde c’est la conviction que la promesse de la Vierge Marie est concrète. Dès aujourd’hui, nous pouvons goûter, par la grâce de Dieu, à la joie et avoir un avant-goût du Ciel. Un exemple : passer un coup de balai peut nous paraître éloigné de la vie éternelle. Pourtant nous pouvons déjà ressentir une joie, celle des choses bien faites qui est donnée par Dieu. Le bien que nous vivons aujourd’hui n’est pas simplement pour ici-bas, mais il appelle un bien plus grand qui nous sera donné à la fin des temps.
L’espérance est un soutien fondamental
Pour Marx, il faut que l’homme se révolte en s’appuyant sur ses propres forces pour obtenir la victoire. C’est la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie. Pour lutter contre le mal, l’Église ne prône ni la lutte des classes, ni la violence, ni la révolution. Elle encourage au contraire la charité envers le prochain, comme celle du bon samaritain qui s’arrête sur le chemin pour prendre soin du pauvre. Cette compassion comprend aussi l’acceptation d’une certaine souffrance, par amour de l’autre. Ainsi, le bon samaritain avait certainement des choses à faire mais il s’est arrêté. Le Christ, que l’on retrouve dans le bon samaritain, prend sur lui nos souffrances par amour de nous. Voilà la réponse de l’Église.
Nous sommes appelés à la vie éternelle et nous en vivons déjà ici-bas dans l’exercice de la charité, en imitant le Christ. Ainsi, nous nourrissons notre espérance.
La communion des saints
Marx a une autre phrase célèbre : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! » Le Christ nous invite à une fraternité universelle bien plus grande : la communion des saints. Elle est dans notre relation à Dieu et au prochain. Là, nous avons le Salut. Dans l’opium, il y a l’idée de se sauver soi-même. Mais nous ne sommes pas des êtres individuels, individualistes. Nous sommes des êtres de relation avec le prochain et avec Dieu.