Témoignage – Il y a trois ans, une de mes sœurs est tombée gravement malade. Elle avait 22 ans. Deux ans plus tard, elle mourait. J’ai dû accompagner la souffrance de chacun de mes enfants en leur expliquant l’inexplicable et en les aidant à faire leur deuil concrètement.
Nous vivons la même épreuve
Spontanément, j’ai eu envie de protéger chacun, d’adoucir cette réalité tellement violente pour moi. Je ne voulais pas qu’ils vivent cette souffrance qui me dévastait. Et j’ai réalisé, qu’à vouloir les protéger, je les angoissais. La mort fait partie de la vie !
Je crois qu’on ne peut parler de la mort à un enfant sans être soi-même en paix par rapport à cette mort qui nous frappe. Être en paix, c’est souffrir et ne pas cacher cette souffrance à nos enfants. Nous vivons la même épreuve et nous la vivons ensemble. N’ayons pas peur de nos larmes, elles aideront nos enfants à oser pleurer. Augustin, 14 ans, a été particulièrement touché par les larmes de son papa, et a ainsi pu laisser couler les siennes !
La famille s’est transformée
Face à la mort, mes enfants ont eu besoin de paroles de vie, exprimées avec réalisme et sans tabou. J’ai osé leur parler de corps sans vie, froid et raide, qu’on ne verrait plus. Beaucoup de questions ont jailli telles que : « Nous ne pouvons plus lui parler, rire ensemble, se taquiner, se promener ? » Et bien non ! Notre famille est différente, elle s’est transformée avec un trait d’union entre le Ciel et la terre. Le signe tangible en est la tombe avec la croix dressée vers le Ciel.
Je leur ai donné l’image d’une maison, une très belle maison : nous, nous sommes en bas, nous nous activons pour faire plein de choses dans la cuisine, le jardin, notre chambre, nos amis, notre vie… En haut, à l’étage supérieur où ils nous attendent, vivent ceux qui sont montés au Ciel. À cet étage, ils n’ont pas de corps pour l’instant et il n’y a plus de peines, de regrets, de chagrins. Ils sont auprès de Dieu, dans la joie, dans l’amour.
Dire au revoir
Le corps n’est plus, mais l’amour, les souvenirs demeurent et c’est pour cela que dans les faits concrets, l’enfant doit dire au revoir au corps et apprivoiser cette présence différente de la personne. La mort est une vie ailleurs !
Gaspard ne voulait pas voir son grand-père mort. Il a fini cependant par s’approcher et, contre toute attente, déposer un baiser sur sa joue glacée. Alors que Maëlys avait besoin de le voir, de le toucher. Pour d’autres, cet À-Dieu s’est fait par un beau dessin, une belle fleur déposés dans le cercueil. Il est important de proposer aux enfants une manière qui leur est propre de dire au revoir au corps de la personne aimée.
N’ayons donc pas peur d’être nous-même en vérité, de nous accepter faible dans ces moments mais tourné vers l’espérance. C’est par notre exemple que nos enfants vivront ce deuil dans la paix !
Isabelle
Texte tiré de la revue Chemin d’Éternité n°282 (sept-oct 2017)
Une porte vers la vie : la liturgie des funérailles
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