« En dehors de l’Église, point de salut ». Cet adage apparaît pour beaucoup, en cette première moitié du XXIᵉ siècle, comme légèrement étroit d’esprit. Pour poser la question autrement : peut-on aller au ciel sans baptême ? Analyse de don Axel de Perthuis pour l’émission Sanctuaires normands (RCF Orne, Calvados, Manche)
L’Évangile semble indiquer que le baptême est incontournable pour être sauvé. Par exemple quand Jésus dit à Nicodème : « Amen, amen, je te le dis, personne, à moins de naître de l’eau et de l’esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3, 5). Ou encore : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 6). Dans un autre passage, Jésus dit à ses disciples : « Allez dans le monde entier, proclamez l’évangile à toute la Création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé. Celui qui refusera de croire sera condamné » (Mc 16, 15). Ces paroles montrent que le chemin voulu par Dieu pour nous sauver est Jésus. Et pour passer par ce chemin, le moyen normal est de recevoir le baptême.
Cependant, il faut bien écouter ce passage de Marc. Jésus dit que celui qui a entendu la prédication évangélique et refusé de croire est condamné. Cela ne s’applique pas à ceux qui n’ont simplement jamais entendu parler de lui. Quand les Pères de l’Église ont formulé l’adage : « En dehors de l’Église, point de salut », ils visaient d’abord ceux qui se séparaient volontairement de l’Eglise par un schisme ou une hérésie.
Cela dit, la grâce du baptême est nécessaire à tous pour être sauvé. Nous avons tous été marqués par le péché originel et il faut en être lavé pour accéder au Ciel. L’Eglise reconnaît que Dieu peut donner cette grâce dans certains cas sans que le baptême ait été matériellement administré.
Est-il possible de refuser Dieu ?
Il y a en tout homme un désir d’absolu, un désir du bien, du vrai, un désir naturel de voir Dieu. Mais ce désir peut être occulté par bien des choses. Il est important de respecter la liberté des personnes, et notamment leur droit à refuser le Seigneur. C’est-à-dire qu’à vouloir sauver tout le monde, on ne respecte la liberté de personne. Dieu veut sauver tous les hommes, mais il veut aussi que nous concourions à notre salut par notre liberté, en choisissant le bien sous la motion de sa grâce.
Peut-on considérer le baptême comme un outil ?
Les sacrements sont les sacrements de la foi. Le bon larron n’a pas reçu le baptême au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, mais il a cru en Jésus et par sa foi en Lui a été transformé par l’Esprit-Saint. Donc ce qui sauve vraiment, c’est la foi.
Le moyen ordinaire de croire et d’être sauvé est de recevoir le baptême. Mais Dieu n’est pas lié par ses sacrements : Il a pu donner la grâce du salut à des millions de personnes qui n’ont pas eu la possibilité de demander explicitement le baptême, mais qui, en suivant leur conscience, ont mystérieusement vécu de la grâce de Dieu et qui auraient demandé le baptême si elles avaient entendu parler de Jésus.
N’est-il pas préoccupant que, en Europe, dans un monde peu chrétien, de plus en plus de personnes ne connaissent pas le nom de Jésus, ni l’idée même de Dieu ?
L’Église nous rappelle qu’elle ne connaît pas d’autre moyen que le baptême pour entrer dans la béatitude éternelle. Elle a donc une mission de prêcher Jésus-Christ et l’évangile à tout homme. Cette mission nous oblige, nous les chrétiens : nous ne pouvons pas rester assis les bras croisés, en nous disant que Dieu peut sauver tous les hommes. Le moyen normal pour être sauvé reste le baptême, on ne peut pas en faire abstraction et se dire que Dieu oubliera tout. Nous sommes tous marqués par le péché originel depuis notre naissance et nous avons besoin d’en être lavés pour accéder à Dieu. Le moyen normal d’en être lavé reste quand même les sacrements et le baptême.
Un catéchumène qui se prépare à recevoir le baptême et qui, par malheur, meurt avant de recevoir ce sacrement, peut-il être sauvé ?
Cela me semble quasi certain. En effet, un catéchumène est enterré à l’Église comme tout baptisé parce qu’on considère son désir d’être baptisé.
L’Église reconnaît des suppléances au baptême. Par exemple, le baptême du sang pour les martyrs non-baptisés qui sont morts en confessant le Christ, ou encore le baptême de désir pour les catéchumènes. Et puis, plus largement, pour tous ceux qui avaient un désir implicite de recevoir le baptême, c’est-à-dire ceux qui l’auraient demandé s’ils en avaient eu connaissance.
Recevoir le baptême permet-il automatiquement d’être sauvé ?
L’eau du baptême lave notre âme. Mais encore faut-il vivre de cette grâce que le Seigneur nous donne. Le Seigneur ne veut pas nous sauver malgré nous. Il veut aussi que nous collaborions à cette grâce par notre liberté, en faisant le bien, et en cherchant à nous convertir dans la vie de tous les jours, en faisant pénitence pour nos péchés.
Faut-il absolument être prêtre pour donner le baptême ?
Dans l’absolu, toute personne, même non chrétienne, peut baptiser, à partir du moment où elle a la volonté de faire ce que l’Église veut. En Algérie, avant l’indépendance, on a appris à des sages-femmes musulmanes à baptiser les petits enfants chrétiens qui risquaient de mourir peu après la naissance. Bien évidemment, il n’est pas question de faire cela en dehors des cas d’urgence !
Il faut aussi que celui qui reçoit le baptême en ait la volonté, s’il s’agit d’un adulte. Pour un enfant en revanche, ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, on a tendance à laisser l’enfant choisir et donc à ne pas le baptiser quand il est tout petit pour qu’il puisse en grandissant le choisir librement. Mais s’il ne le choisit pas ?
Il ne s’agit pas de culpabiliser les parents qui ont pris conscience de la nécessité du baptême alors que les enfants ont grandi et sont devenus autonomes. S’ils ne peuvent plus les baptiser, ils peuvent encore prier pour eux.
Qu’en est-il d’un baptême administré de force ?
Un baptême administré à un adulte qui ne veut pas le recevoir n’est pas valide. Ce n’est pas un baptême. Nous aimerions que le salut se fasse immédiatement, en un claquement de doigts, mais il faut aussi avoir confiance en Dieu qui guide tout homme sur le long terme. Dieu, lui, voit sur la durée d’une vie entière et conduit chacun en le respectant et en respectant son temps.
De plus l’enjeu n’est pas tant d’avoir reçu le baptême que d’en vivre. Si une personne reçoit le baptême mais se détourne ensuite de Dieu, à quoi cela lui sert-il ? C’est pour cela qu’il y a généralement un long catéchuménat avant le baptême.
Bonjour,
Merci de ce bon résumé de don Axel.
Important de souligner les autres formes de baptême: baptême de DÉSIR et baptême de SANG.
C’est l’intention qui compte par dessus tout.
Dieu est le souverain maître bienveillant et compatissant.
Bonjour.
Merci pour ce bel article.
Qu’en est-il des bébés morts in utéro ?