Une semaine de vacances, un avion et Sylvie a débarqué à Montligeon pour suivre une session deuil. Bouleversée par la mort de ses deux parents, elle est venue trouver le repos et l’apaisement car pour elle, il faut prendre soin de soi pour faire son deuil. Témoignage.
Suite à la disparition de mon père il y a trois ans et de ma mère quelques années auparavant, j’ai décidé de venir à Montligeon faire une retraite spirituelle pour me ressourcer, me reconnecter à mes défunts, continuer à prier pour eux et pour toutes les âmes du purgatoire.
C’est aussi une manière de prendre soin de moi. En effet, après un deuil, on perd la paix et la joie. Votre monde s’écroule. La tristesse s’installe, les souvenirs du passé reviennent et il faut trouver le moyen de revenir au présent. On rit, on fait l’effort de rire et de sourire, on se met un masque pour « faire bonne figure ». Mais au fond du cœur, ça crie, ça pleure, ça saigne. À Montligeon, j’ai voulu confier à Jésus et à sa Mère, aux saints et à Dieu toute ma peine, ma douleur et ma souffrance qui est toujours présente malgré les apparences.
Un deuil en réveille un autre
Quand j’ai fait la session deuil en 2022, je venais pour la mort de mon père. Mais je me suis aperçue que cela avait réveillé un autre deuil beaucoup plus ancien, celui de ma mère. J’ai eu de merveilleux parents. Je suis né dans une famille remplie de paix, d’amour et d’harmonie et leur absence est très difficile, très douloureuse pour moi. Quand on me dit : « C’est bon, oublie, fais ton deuil et arrête de pleurer », ce n’est pas comme cela que cela se passe. Le deuil ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Chacun a son propre chemin de deuil.
Les atouts de la session deuil de Montligeon
J’ai beaucoup apprécié les temps d’enseignement desœur Cécile et don Pierre qui nous permettent d’entrer en profondeur dans les thématiques du deuil. D’autres personnes endeuillées nous entourent et donc on peut parler entre nous, échanger nos expériences, nos ressentis. On se sent un peu moins extraterrestre, moins perdu, moins seul. On peut pleurer et échanger.
J’ai beaucoup aimé aussi les veillées de prière. Dans l’intimité, on prie ensemble pour nos défunts, pour nous, pour la vie, pour tout le monde et pour toutes les âmes du purgatoire. Pendant cette semaine, on entre en profondeur.
Prendre soin de soi pour faire son deuil
Quand je suis arrivée à Montligeon en juillet 2022, j’étais au fond du trou. J’étais en train de mourir avec mes défunts. Et ces deux jours de halte deuil m’ont relevée. La Vierge Marie, Notre-Dame de Montligeon, m’a redressée et ça, c’était merveilleux. C’est pour cela que je souhaite témoigner et conseiller à tous ceux qui sont endeuillés de venir à Montligeon.
Le site de Montligeon, est magnifique, en pleine campagne. Être dans la nature, voir les merveilles de la création, cela donne un coup de boost au moral . Que l’on soit croyant ou pas ou même fâché avec le Seigneur, on peut très bien venir dans une démarche de repos, d’apaisement. Rencontrer les prêtres, les religieuses et d’autres personnes en deuil qui vivent le même drame, souffrent, sont dans le déni ou en colère, cela fait du bien.
Venez vous reposer, reprendre des forces, vous faire du bien. C’est un geste d’amour pour vous. Venez prendre soin de vous !
Prier pour les âmes du purgatoire : un acte d’amour
Depuis la disparition de ma mère, j’avais entendu parler des âmes du purgatoire et donc j’ai compris qu’il fallait faire dire des messes pour nos défunts. Au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, j’ai poussé un peu plus. Et aujourd’hui, dans mes prières quotidiennes, j’intègre mes parents défunts, les défunts de ma famille et les âmes délaissées du purgatoire.
Notre relation avec les défunts marche dans les deux sens. Ils voient la face de Dieu mais ils ne peuvent pas intercéder pour eux-mêmes. Donc, c’est nous, les chrétiens, qui sommes toujours vivants, qui devons prier pour eux en vue de leur naissance au ciel, pour qu’ils soient heureux et comblés, pour qu’ils voient la face de Dieu. Le purgatoire, c’est la période de purification des âmes après leur décès.
Ce qu’ils peuvent faire pour nous, c’est d’intercéder pour nous. Donc l’amour continue malgré la mort. Quand on a des défunts, c’est un acte d’amour de prier pour eux, de les inscrire à la fraternité de Montligeon pour qu’ils bénéficient de la messe perpétuelle.
En deuil, aller voir un psy ou un prêtre ?
Après la mort de mon père, j’ai décidé de faire un plan d’action pour m’aider à aller mieux. Donc, j’ai cherché de l’aide : spirituelle grâce à Montligeon. Et j’ai demandé à l’Esprit Saint de m’envoyer de bons professionnels. J’ai trouvé un thérapeute pour la partie psychologique. Les deux ne sont pas incompatibles, au contraire. Trouver de l’aide, c’est un acte d’amour envers soi-même, ce n’est pas de la lâcheté ou de la faiblesse, au contraire.
Pour ma mère, je n’ai jamais demandé d’aide. J’étais une superwoman, une guerrière. Et quand mon père est parti, mon armure de superwoman et de super guerrière est tombée. Aujourd’hui, j’accepte ma faiblesse et ma fragilité. Se faire aider c’est du courage et de l’humilité.
Les proches peuvent-ils nous aider quand on est en deuil ?
Ceux qui ont vécu cet événement le peuvent, ils sont dans la compassion, ils comprennent. Les autres n’ont pas connu de deuil assez proche sont quelquefois maladroits, leurs paroles peuvent être blessantes ou offensantes mais je ne leur en veux pas. Nos rythmes sont différents, mais leur présence, leurs prières pour nous ou bien juste leur silence à côté de nous, cela nous va parfaitement.
Je me suis noyée dans mon travail pour m’en sortir, oublier ma douleur, ma souffrance, ma tristesse car c’était ma seule bouée de survie. Le simple fait d’aller travailler me permettait de voir des êtres humains vivants. Parce que quand je rentrais chez moi, j’avais deux défunts qui m’attendaient : mon papa et ma maman. J’ai eu des collègues bienveillants et je les remercie.
D’autres collègues ont été maladroits et je ne leur en veux pas. Mais j’ai eu reçu beaucoup de marques d’affection et d’amour, que ce soit de mes collègues, de ma famille, de mes amis, de mes voisins. Et grâce à toutes ces mains tendues que le Seigneur m’a envoyées, j’ai pu m’en sortir.
Faire le deuil de ses parents
La disparition soudaine et brutale de mes parents m’a laissé dans un état pas possible. Ils sont partis trop tôt tous les deux : 50 et 66 ans. Le choc, pour moi, c’était mon père, Je pensais qu’il serait vieux, qu’il aurait des cheveux blancs.
Le deuil peut prendre quelques mois, des années ou jamais. Le but n’est pas de souffrir mais d’essayer de retrouver de la paix, de la joie et de continuer à vivre malgré l’absence de nos défunts. Ils sont présents dans nos cœurs et au ciel. Par la prière, on est connectés avec eux et l’amour est toujours présent.
Prier pour eux, pour nous, pour les âmes du purgatoire qui sont délaissées, ce sont des gestes d’amour pour eux et pour nous.