Extrême-onction ou sacrement des malades est-ce la même chose ? Le concile Vatican II a élargi la compréhension du sacrement de l’extrême-onction et aujourd’hui, le sacrement des malades n’est plus réservé aux mourants. Don Paul Denizot fait le point au micro de Guillaume Desanges pour l’émission Sanctuaires normands de RCF.
« L’un de vous est malade ? Qu’il appelle les Anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. »
(Jc 5, 14-15).
À l’origine, et l’apôtre saint Jacques l’atteste, le sacrement des malades a toujours été ouvert à tous les malades. Avec le temps, on s’est peut-être focalisé sur l’extrême-onction. Mais aujourd’hui toute personne malade qui connaît des paliers importants dans sa maladie ou dans la vieillesse ou encore qui se rapproche de la mort peut demander ce sacrement. Il peut d’ailleurs être reçu plusieurs fois.
Peut-on espérer une guérison quand on reçoit le sacrement des malades ?
Bien sûr ! On peut espérer une guérison et un miracle mais ce que l’on demande aussi c’est la force, le courage et la paix dans la maladie. J’ai souvent donné le sacrement des malades et les personnes n’ont pas été guéries physiquement mais elles ont reçu une paix, une consolation et du courage. C’est donc un sacrement vraiment efficace qui donne force et espérance pour traverser l’épreuve qu’est la maladie.
Comment se passe ce sacrement des malades ?
Le prêtre fait une onction d’huile sur le front et sur la paume des mains en disant : « Par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. » Donc il y a à la fois une dimension de pardon des péchés et une dimension de force et de relèvement dans l’espérance.
Quand faut-il le demander ?
Pour certains, voir un prêtre quand on est malade est signe de mort prochaine. Par exemple il m’est arrivé, dans le cadre d’un ministère auprès de personnes prisonnières de l’alcool, d’être appelé uniquement après la mort de quelqu’un, pour ses funérailles. J’avais trouvé cela dommage et j’avais regretté de ne pas avoir pu lui rendre visite avant sa mort.
Le sacrement des malades ne fait pas mourir mais il donne la force
Il faut proposer ce sacrement le plus tôt possible car il ne fait pas mourir mais il donne la force. Et offre la possibilité de se confesser. Il est vraiment dommage d’avoir des scrupules à le proposer. Je pense à ce fils qui en avait parlé à son père. Ce n’était pas évident pour lui mais son père a accepté immédiatement. Cela fait du bien aux malades de pouvoir parler de la mort, de s’y préparer, de faire le point sur leur vie. Donc il ne faut pas attendre pour proposer ce sacrement.
Un proche est gravement malade. Faut-il lui parler de sa mort ?
Combien de fois m’a-t-on demandé d’aller parler de la mort à des malades parce que la famille ou les médecins ne savaient pas en parler ! Pourtant c’est très important. Pour ma part, je n’aimerais pas qu’on me vole ma mort ou qu’on me la cache car j’aimerais m’y préparer personnellement. Et je pense que nous sommes tous un peu comme cela même si ce n’est jamais facile d’en parler à un proche.
Et pour les personnes qui sont un peu éloignées de l’Église ?
C’est un sacrement très simple et accessible : une imposition des mains, une méditation de la Parole de Dieu, une onction d’huile. Le plus difficile est peut-être de trouver un prêtre disponible mais il ne faut pas hésiter à les déranger ou à appeler la paroisse. Et puis prions aussi pour les vocations, pour qu’il y ait de plus en plus de prêtres qui puissent donner ce sacrement.
Se préparer à la mort
Pouvoir en parler quand la fin approche est une étape, mais nous pouvons tous les jours nous préparer à la mort. Par exemple quand le soir aux Complies, nous remettons notre journée au Seigneur et lui demandons de nous garder dans sa paix. Ou bien en priant le Je vous salue Marie ou par exemple la prière à Notre-Dame du perpétuel secours, nous demandons la grâce de la persévérance finale. La bonne mort est donc d’abord une chose à demander pour nous et pour nos proches.
Ensuite, se préparer à la mort c’est accepter les épreuves, les contrariétés et les tracasseries du quotidien. Cette manière de relativiser et de remettre les choses – même nos affections légitimes -, dans la perspective de l’amour de Dieu nous libère. Mystérieusement, elle nous prépare à la mort. Certaines morts peuvent aussi nous faire réfléchir. Cela m’est arrivé à l’occasion de la mort d’un prêtre parisien de mon âge. Je me suis demandé : « Si je dois mourir aujourd’hui, qu’est-ce que je veux vivre : quels pardons n’ai-je pas demandés, à qui ai-je des choses à dire ? »
Le rôle de la confession
La confession peut aussi aider à mourir. Je me souviens d’un homme qui avait été fâché avec l’Église pendant des années et qui, sentant qu’il allait mourir, s’est confessé à un prêtre. Recevoir le pardon du Seigneur l’a beaucoup apaisé.
La confession est une habitude à prendre. Le pape Jean-Paul II, Mère Teresa l’ont fait quasiment toutes les semaines. La pratiquer régulièrement aide à vivre ce sacrement quand on est à la dernière extrémité. Recevoir le pardon du Seigneur nous aide à être libre de nos péchés.