Le lendemain de la fête de la Toussaint, le 2 novembre, l’Eglise nous invite à prier pour les défunts. C’est la commémoration (ou commémoraison) des fidèles défunts, communément appelée “Jour des morts”. Quelle est son origine ? Enquête du côté de saint Odilon, abbé de Cluny au Xe siècle.
Saint Odilon naquit en Auvergne vers 961 et succéda, à peine âgé de trente ans, à Mayeul comme abbé de Cluny. Il demeura abbé jusqu’à sa mort en 1048 et témoigna par sa vie de la force de l’affirmation de saint Paul : « Si je n’ai pas la charité, je ne suis rien » (1Co 13, 2-13).
Sa disponibilité de prêtre-pasteur et sa promptitude à réagir aux appels de détresse ont fait de son monastère une maison aux portes ouvertes. Sa charité envers les pauvres était sans bornes. Tous les jours en effet, Cluny nourrissait des centaines de pauvres. Odilon demandait particulièrement aux abbés ou prieurs « d’accueillir les indigents comme les enfants du Christ. »
Au moment d’une grande famine qui dura trois ans, il vendit les vases sacrés du monastère et se fit lui-même mendiant afin de sauver des vies.
Saint Odilon entend le cri des âmes du purgatoire
En disciple de saint Benoît, saint Odilon sait écouter. Il entend un appel du Christ qui l’envoie secourir avec miséricorde, non seulement les besoins matériels, mais surtout les besoins spirituels avec une charité créative. Tout en secourant les affamés de pain, il entend le cri de soif des âmes souffrantes du purgatoire.
La première commémoration des défunts
Après avoir eu confirmation par un ermite de l’urgente nécessité de soulager ces âmes souffrantes, Odilon fixa, probablement le 2 novembre 998, la date anniversaire solennelle de la commémoration des morts. Comme le souligne Vatican II :
« L’union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ n’est pas du tout interrompue. Bien au contraire, selon la foi constante de l’Église, elle est renforcée par la communion des biens spirituels. »
Lumen Gentium.
Parmi les biens spirituels, il faut placer en premier lieu l’offrande du sacrifice de la messe qui répand sur l’humanité la grâce de la Rédemption opérée par la croix. La mémoire des défunts dans le sacrifice eucharistique a toujours été en vigueur. Par exemple, Odilon et ses frères et soeurs ont voulu prier pour les défunts de leur famille. Ils ont donc fondé un monastère : Sainte-Croix-de-la-Voûte. La messe y était célébrée pour le repos de l’âme de leur père Béraud, de leur grand-père Ithier et de leurs quatre frères décédés accidentellement.
La commémoration des défunts s’étend à toute l’Eglise
Pour ce jour du 2 novembre, saint Odilon publia un décret comportant plusieurs précisions :
« La messe sera célébrée pour les défunts comme aux jours de solennité, au son de toutes les cloches. Tous les frères célébreront la messe en particulier ou en public pour le repos de tous les fidèles défunts et l’on donnera un repas à douze pauvres… »
Cette date anniversaire solennelle fut, à partir des années 1050 adoptée par l’ensemble de la chrétienté latine.
Soeur Marie-Aimée, fondatrice de la communauté de la Nouvelle Alliance. Article paru dans la revue Chemin d’éternité n°264, septembre-octobre 2014.
Saint Odilon fait partie des saints dont les statues ornent les toits de la basilique Notre-Dame de Montligeon.