Croyants ou non croyants, nous sommes tous confrontés à l’expérience douloureuse de la perte d’un proche : un père, une mère, un frère… Dans un entretien amical, don Paul Denizot a demandé à Stéphane Bern de lui parler du deuil et de ses chers disparus. Comment vit-il le deuil ? Peut-on considérer un jour que le deuil est terminé ? Pour Stéphane Bern, une chose est sûre : la pire des morts, c’est l’oubli.
Stéphane Bern, comment vivez-vous le deuil ?
C’est difficile à dire. Le deuil est cette période pendant laquelle on essaye de se détacher de l’enveloppe corporelle de son cher disparu. Et de s’attacher à autre chose, à leur esprit donc à une autre forme de présence. J’ai eu la douleur de perdre ma mère quand j’étais jeune et depuis, j’ai toujours vécu avec mon panthéon dans la tête et dans le cœur. Donc ma mère était toujours présente, je pensais tous les jours à elle, elle vivait en moi.
C’est comme si les gens qui vous quittent vous passaient le relais en vous disant : « Avec tout ce tout ce que je t’ai donné, maintenant débrouille-toi. » Ensuite malheureusement, et c’est plus dans l’ordre des choses, j’ai perdu mes grands-parents. Ils avaient joué un rôle un rôle très important dans mon éducation car ils vivaient avec moi donc je me suis détaché peu à peu.
Récemment dans la même année j’ai perdu mon père et mon frère. Tout à coup, vous vous sentez seul, livré à vous-même. Vous prenez sur les épaules la responsabilité d’être le dernier survivant de cette génération. Vous vous sentez investi d’une mission de transmission de valeurs ou en tous cas de souvenirs.
Peut-on un jour considérer que le deuil est terminé ?
Le deuil, j’y pense tous les jours et toutes les nuits. Mes disparus m’habitent et viennent me parler. Je n’ai pas souvenir de rêve où ils n’aient pas été présents. La période de deuil se termine peut-être quand ils ne sont plus visibles la nuit. A ce moment-là, on ressent une forme de soulagement, je dois l’avouer. C’est moins pesant. Leur souvenir est toujours là mais ils ne viennent plus vous demander des comptes.
Est-il possible de dire à nos défunts ce qu’on aimerait leur avoir dit de leur vivant ?
Ils sont là, ils ne sont pas visibles mais ils sont présents. Je crois qu’ils sont de l’autre côté
du chemin, où il nous attendent ou pas. Les morts vivent en nous et je continue à leur parler comme s’ils étaient à côté de moi. Je les fais vivre dans mon cœur et, comme disait Tacite, c’est le plus beau des tombeaux. La pire des morts, c’est l’oubli. Ne jamais oublier ses défunts, jamais.
Merci pour ce très beau témoignage, Monsieur Bern.
Quel témoignage touchant, profond et plein d espérance, si joliment exprimé, d un homme médiatique empreint de bonté, d intériorité et de spontanéité. Merci cher Stéphane Bern.