Crises climatiques, guerres, incertitudes économiques et politiques, drames personnels, deuils, ruptures… Quand tout semble s’effondrer autour de nous, l’espérance nous est-elle d’un grand secours ? Que faire quand la tentation du désespoir nous gagne ?
Qu’est-ce que l’espérance ?
Elle n’est pas l’optimisme qui est plutôt un trait de caractère positif. Elle n’est pas non plus l’espoir qui est une passion, une réaction émotionnelle devant un bien attirant mais difficile à obtenir. Avec la foi et la charité, l’espérance est une des trois vertus théologales c’est-à-dire données par Dieu. Comme pour tous les dons reçus de Dieu, il ne s’agit pas de rester passifs mais de coopérer avec la grâce. Par exemple, c’est à moi de mettre en actes le don de la charité et à moi de poser des actes d’espérance pour grandir dans l’espérance.
Nous connaissons tous des situations difficiles. Je suis allé récemment en République Démocratique du Congo. Face aux coupures d’électricité, au manque d’eau, à la crise du blé qui s’annonce, il y a de quoi être inquiet. Chez nous aussi la situation est apparemment moins grave, on ne meurt pas dans les rues comme à Calcutta, mais nous avons une très forte consommation d’anxiolytiques. Les fractures sociales, la solitude sont une autre forme de pauvreté. Ici comme là-bas, l’espérance est un combat à mener.
Comment cultiver l’espérance ?
J’entendais récemment des jeunes des générations Y et Z exprimer leur peur du réchauffement climatique. Même si leurs craintes sont fondées, il me semble que cela cache plus profondément une peur de l’avenir en général. L’espérance chrétienne affirme que l’avenir appartient à Dieu mais est-ce que nous y croyons ou pas ? Croyons-nous que Dieu est le maître du temps et de l’histoire ? Pour espérer il faut donc commencer par faire un acte de foi : oui, je crois au retour du Christ en gloire et que le Seigneur va tout récapituler à la fin.
L’espérance s’appuie sur une deuxième dimension : la certitude que le Christ est là, dans ma vie, malgré toutes les épreuves que je traverse et qui troublent mon cœur. Il l’a dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Nous ne sommes jamais seuls. Certaines vies sont apparemment des échecs, comme celles de ces martyrs du Japon, crucifiés parce qu’ils ont refusé de renier leur foi en Jésus. Ou encore comme celle de saint Maximilien Kolbe donnant sa vie pour sauver un père de famille et mourant dans le bunker de la faim. Ou encore comme celle de Jésus crucifié alors qu’il avait suscité tant d’espoirs !
A travers ces exemples et dans nos propres vies, l’espérance consiste à écouter le Seigneur nous dire : tu vas vivre cette épreuve avec moi et tu vas découvrir que c’est dans l’échec que je gagne, que je transforme le monde et que je répands mon amour sur le monde. Cela demande un acte de foi permanent.
Que faire quand la tentation du désespoir nous gagne ?
L’espérance est la vertu du combat. Elle se révèle dans nos épreuves : mort d’un enfant, d’un conjoint, échec professionnel, divorce, chômage, alcoolisme etc. Elle ne commence pas par nous replier sur nous-même car cela, c’est la tentation du désespoir. Le premier acte de l’espérance c’est d’abord de crier vers Dieu, qui me connaît, en reconnaissant ce qui traverse mon cœur, mon incompréhension, mes doutes, ma colère…. Les psaumes en sont une très bonne illustration : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », « Seigneur, où es-tu ? », « Combien de temps les impies vont-ils triompher ? »
Dans une deuxième étape, dire au Seigneur que je ne veux pas lâcher sa main, même si je ne sens pas sa présence. Comme saint Pierre qui s’enfonce dans l’eau mais qui saisit la main de Jésus. Ou comme Jaïre, ce père de famille qui quitte le chevet de sa petite fille mourante pour aller supplier Jésus, malgré tous ceux qui lui disent : « A quoi bon… » Jésus lui dit : « Ne crains pas, crois seulement. »
Depuis le péché des origines, l’espérance est devenue âpre. Bernanos disait : « l’espérance c’est le désespoir surmonté ». C’est la vertu qui se manifeste dans les épreuves et qui permet de tenir quand tout s’effondre. Elle ose croire aux paroles de Jésus : rassure-toi, j’ai vaincu le monde, tout a un sens.
Des témoins d’espérance
Nous pouvons nous inspirer de ceux qui ont vécu cette vertu : la Vierge Marie par exemple qui voit son fils mourir en croix et qui consent. Le projet de Dieu lui échappe mais elle s’en remet au Seigneur. Et toutes ces figures bibliques qui sont autant d’exemples à imiter. Ici à Montligeon, nous rencontrons des champions d’espérance. Malgré tous les drames qu’ils traversent, ils nous disent : entre l’abîme et l’espérance, nous avons choisi l’espérance. En les regardant, nous pouvons attester que dans leur épreuve, Dieu était là.
Dans nos vies, nous avons tous à porter la croix. Jésus ne nous a jamais vendu la réussite. Il nous a prévenus : « Que celui qui veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». En regardant notre vie d’un point de vue humain, nous pourrions peut-être dire qu’elle est un échec. Mais en regardant nos épreuves à la lumière de la croix du Christ, nous pouvons discerner très mystérieusement qu’elles sont source d’amour et de vie.
Ne restez pas seul dans l’épreuve, venez à Montligeon retrouver l’espérance !