Que devient l’amour après la mort

Cette question est souvent posée à Montligeon, à la suite d’un veuvage. Elle traduit une interrogation sur ce qu’il advient du mariage et plus généralement de l’amour après la mort.

Dieu s’est révélé comme Amour. Cela signifie qu’au-delà de la mort, quand nous allons à la rencontre de Dieu, nous allons à la rencontre de l’Amour. Cet amour est plus grand que tout ce que nous avons pu connaître sur terre, parce qu’il est toujours fidèle et éternel. Il y a donc une autre vie pour l’amour.

Toute notre vie sur terre est une progression dans l’amour. Nous apprenons d’abord à aimer en famille, puis nous découvrons l’engagement et la fidélité dans le mariage, la vie religieuse ou sacerdotale. Puisqu’aucune forme d’amour -filial, fraternel, amical, conjugal- n’est étrangère au mystère de Dieu, et donc à l’éternité, ainsi tout amour vrai ne peut être perdu.

« Sur la terre, je voulais que tu sois heureux (se), je voulais ton bien. Ma joie aujourd’hui c’est de te savoir heureux (se) avec Dieu, à la place qu’Il t’a choisie. »

Le véritable amour est un amour de don

Certes, la mort supprime le langage physique de l’amour : les gestes d’affection, les caresses, la tendresse, au plan sensible et même sexuel. Ce langage de l’amour nous permet d’exprimer à l’autre que nous l’aimons, qu’il est précieux à nos yeux et que nous voulons son bien : bien-être physique, psychologique, spirituel, et même son salut. Par ces gestes, nous voulons le bien de la personne, un bien véritable et éternel, que l’on pourrait appeler le bonheur.

Tout ce que nous exprimons dans l’amour, par des gestes ou des paroles, vise à donner plutôt qu’à prendre. L’amour est une offrande. Il ne s’agit pas de prendre du plaisir ou quelque chose pour soi, mais de donner pour que l’autre grandisse dans une plus grande connaissance de Dieu et de son amour.

L’amour après la mort : un amour transfiguré dans l’éternité

La mort est douloureuse, car nous ne pouvons plus manifester physiquement notre amour à notre cher défunt. Mais elle ne nous empêche pas de continuer à l’aimer au-delà de cette barrière, dans un amour vrai et purifié de tout ce qui l’encombrait. En quoi consiste-t-il ? À vouloir le bien de l’autre en désirant qu’il soit heureux avec Dieu. Ainsi, cet amour humain, commencé sur terre avec ses hauts et ses bas, ses moments de crise, de pardon et de réconciliation, peut être transfiguré dans l’éternité. La prière devient alors le moyen par lequel nous continuons à aimer notre défunt.

La mort est une séparation. Elle provoque une souffrance intense qui déchire le cœur et nous blesse profondément. C’est pourquoi il est parfois difficile de faire le deuil, de trouver le temps et les ressources pour accompagner notre défunt vers son chemin d’éternité.

Laisser partir le défunt

Pour nous aider à vivre le deuil d’une personne, nous pouvons la remercier pour ce qu’elle a été et pour tout ce que nous avons vécu ensemble. Nous pouvons aussi lui demander pardon de ne pas avoir su l’aimer comme nous l’aurions dû. Si nous n’avons pas pu le faire de son vivant, nous pouvons le réaliser aujourd’hui par la prière. Confions nos intentions à la Vierge Marie, la « postière du Bon Dieu ». Elle transmettra à notre cher défunt nos prières et notre amour.

Consolation et espérance pour les vivants

La mort reste un scandale. Elle n’est pas faite pour l’amour humain car on veut qu’il dure toujours. La foi nous apporte une consolation et une espérance, celle de savoir que nos défunts sont aimés bien plus que nous n’avons pu le faire sur terre. Dieu lui-même, leur Créateur, les aime. Il ne les abandonne pas dans une solitude absolue. Nos morts ne sont pas privés d’amour mais au contraire, ils sont comblés par l’amour divin.

« Nous sommes tous des chercheurs d’amour »

Nous espérons retrouver nos défunts. Dès ici-bas, nous le pouvons au moyen de la prière, des actes de charité ou encore à la messe. Nos chers défunts ne sont pas loin de nous, mais à côté de nous sur leur chemin d’éternité. Déjà, ils ont eu connaissance de l’Amour qu’ils ont cherché toute leur vie, car nous sommes tous des chercheurs d’amour.

Notre consolation et notre espérance est de savoir que nos défunts sont aimés profondément par Dieu et que l’amour que nous avons eu pour eux ne disparaît pas. Il est purifié, transfiguré, et il demeure éternel.

Que devient le mariage après la mort ?

Dans l’évangile, Jésus répond, à propos de la femme mariée successivement à sept frères, que dans la résurrection, personne ne sera marié. Et que nous serons comme les anges, fils et filles de Dieu. Le mariage terrestre, en tant que pacte exclusif entre un homme et une femme, n’existera plus, car il est fait pour vivre son chemin sur la terre. En revanche, tout ce qui a été vécu dans l’amour, l’amitié, le don de soi, le pardon, sera conservé et transfiguré. Nous garderons une dette de gratitude envers notre époux, nos amis, et nos proches. Dans la lumière du Christ, nous leur dirons au ciel : « Grâce à toi, j’ai pu vivre cet amour, transmettre la vie, et faire grandir la gloire de Dieu. »

Au ciel, les époux sont « compagnons d’éternité ». Ensemble ils cheminent, non pas pour rester un couple au ciel, mais pour avancer vers la plénitude de l’amour divin. Pour paraphraser saint Paul : « la foi et l’espérance disparaîtront, mais la charité demeure. Elle est éternelle. »