Allons-nous revoir après la mort ceux que nous avons aimés ?

Les chrétiens croient en la résurrection des morts et en la vie éternelle. Les défunts sont donc bien vivants au ciel. La mort peut nous en faire douter parce qu’elle est d’abord vécue comme une rupture des relations. Dans ces conditions, allons-nous revoir après la mort ceux que nous avons aimés ici-bas ?

Faut-il espérer revoir après la mort ceux que nous avons aimés ?

L’expérience de la mort est très violente. Elle est une telle rupture sensible des relations que nous pouvons penser qu’elle est la fin de tout, et que le défunt n’existe plus. Pourtant, en tant que chrétiens, nous pouvons nous appuyer sur le témoignage de la mort et de la résurrection du Christ pour essayer de comprendre ce qui va se passer. Saint Paul nous dit : « Si je ne crois pas que le Christ est ressuscité, vaine est ma foi. » L’Église affirme aussi que « le lien entre ceux qui sont sur terre et ceux qui se sont endormis dans la paix du Christ, n’est nullement interrompu par la mort. Au contraire, ce lien est enrichi par l’échange de biens spirituels (Lumen Gentium, n°49). »

La foi de l’Église affirme que la mort n’est pas la fin de tout et qu’un lien persiste. Nous le voyons avec la prière pour les défunts qui s’est faite, dès les débuts de l’Église, à la messe. C’est donc qu’ils existent et qu’on peut faire quelque chose pour eux. Et en priant sur les tombes des martyrs, on demande l’intercession de ceux qui sont déjà au Ciel. Donc il y a vraiment un lien entre ceux qui sont sur la terre et ceux qui sont morts. 

Don Pierre Gazeau, chapelain au sanctuaire Notre-Dame de Montligeon au micro de Guillaume Desanges pour l’émission “Les sanctuaires normands” de RCF Orne-Calvados-Manche, diffusée les mardis à 19h15.

Qu’en est-il des personnes qui sont en enfer ? Pouvons-nous craindre de ne jamais les revoir ?

J’aime la réponse du cardinal Schönborn : « L’enfer n’est jamais une réalité à envisager pour les autres, mais pour nous-mêmes ». L’existence de l’enfer nous responsabilise en nous montrant que le mal que nous commettons peut nous conduire à la séparation définitive avec Dieu. L’Église n’a jamais décrété que quelqu’un était en enfer, même Judas, mais elle nous demande d’espérer dans le salut de nos défunts. C’est bien plus que de l’espoir car c’est une espérance fondée sur l’évènement de la résurrection du Christ venu sauver tous les hommes. C’est pourquoi, j’espère dans le salut de mon prochain, même s’il m’a fait du mal. Je ne dois pas me préoccuper de savoir s’il est en enfer mais plutôt être compatissant et prier pour lui. Car s’il a fait du mal, c’est qu’il a besoin de moi. Le bon exemple, c’est le Bon larron : il a demandé pardon et il est au ciel.

Les défunts au Ciel contemplent Dieu. Allons-nous les reconnaître quand ils seront illuminés de la gloire de Dieu ? 

Nous nous accordons à peu près tous sur le fait que nous allons nous retrouver au Ciel. Mais nous butons sur la question du comment. Pourtant, les évangiles de la résurrection nous aident à comprendre comment nous vivrons au ciel. Quand le Christ ressuscité apparaît pendant 40 jours, ses amis ne le reconnaissent pas. Il y a donc quelque chose de changé, mais ils finissent tous par le reconnaître, en fonction de ce qu’ils ont vécu ensemble.

Thomas par exemple, reconnaît Jésus en voyant la marque des clous car il a été témoin de la crucifixion. Les disciples d’Emmaüs le reconnaissent à la fraction du pain car ils étaient peut-être présents le Jeudi saint ou bien on leur a raconté l’évènement. Marie-Madeleine reconnaît Jésus quand il l’appelle par son prénom car elle n’a sans doute pas oublié le timbre de sa voix. C’est la même personne, la même identité, Jésus tel qu’ils l’ont connu pendant leur vie. 

On peut même aller encore plus loin en disant que c’est en raison de la charité qu’ils vont se reconnaître. Thomas reconnaît Jésus en raison de la marque des clous, c’est-à-dire à la charité que Jésus a eue pour lui. Il a offert sa vie pour Thomas car : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Les disciples d’Emmaüs le reconnaissent dans le sacrement de l’amour qui est l’Eucharistie, présence sacramentelle du Christ dans l’Église.

Marie-Madeleine entend Jésus et elle se souvient de tout l’amour, de toute l’affection qu’elle a pour lui. Souvent, nous pensons que ce qui compte le plus dans nos vies, c’est l’amour et nous avons bien raison, mais nous ne savons pas trop pourquoi. L’une des explications, c’est que c’est en raison de l’amour que j’ai envers mon prochain que je le reconnaîtrai au Ciel. 

Quand nous serons au ciel, nous serons peut-être surpris du changement opéré chez les autres, ainsi que dans les relations qui nous unissent.

Les verrons-nous en toute transparence, dans la vérité de ce qu’ils ont fait de bien et de mal ?

Nous les verrons en fonction de la charité, mais aussi en raison d’autre chose : au ciel, nous verrons Dieu tel qu’il est et ce sera notre joie et notre repos. En le voyant, nous aurons également la grâce de partager son regard sur la création et donc sur chacune des personnes que nous avons aimées. Ainsi au ciel, nous verrons ceux que nous avons aimés, non seulement avec nos yeux de chair, tels que nous les avons eus sur terre, et aussi à travers les yeux de Dieu qui nous a créés et qui sait tout de nous.

Donc nous aurons une autre connaissance qui sera source d’un immense émerveillement car nous verrons comme Dieu voit ! Nous pourrons voir plein de choses cachées qui sont bonnes et ce sera source de joie pour tous.

Faut-il espérer ne pas revoir ceux que nous n’avons pas aimés ou qui nous ont blessé ou fait du mal ? 

Notre espérance de chrétien, c’est que tous soient sauvés. L’équilibre n’est pas facile à tenir entre la légitime détestation du mal, le juste désir de justice, et l’espérance que ceux qui le commettent soient sauvés. Ici-bas, quand quelqu’un nous fait du mal, nous coupons les liens. Mais si cette personne est au ciel, c’est qu’elle a reconnu son mal et demandé pardon au Seigneur. Elle nous demandera pardon aussi, et nous serons touchés par son humilité. Comme Satan, elle aurait pu se préférer à Dieu et se couper de lui. Le triomphe du bien en elle nous réjouira.

Quand on pense au Bon larron par exemple, on ne se souvient plus du tout de sa vie, du mal qu’il a fait et des blessures que cela a causé en lui. Au contraire, on se souvient de son humilité. À la pire des personnes que nous ne voudrions plus jamais revoir, nous pouvons souhaiter le ciel car le ciel sera sa punition, mais au bon sens du terme. 

Que signifient les cartes appelées « Merci-Pardon » disponibles à Montligeon ?

Les liens avec nos défunts ne sont pas interrompus par la mort. Les relations des vivants et des morts peuvent encore grandir par l’échange des biens spirituels. Au sanctuaire, nous proposons cette petite carte sur laquelle on peut écrire au défunt pour lui dire merci, lui demander pardon et lui pardonner. C’est une bonne manière de finir d’ajuster notre relation. Nous pouvons aussi l’écrire pour une personne que nous détestons et nous pouvons ainsi lui pardonner.

Pour nous, c’est déjà un beau chemin de purification. Pour le défunt, nous pouvons lui donner un pardon dont il a besoin. Une fois que cette carte est remplie, on peut venir la déposer dans une boîte aux lettres située aux pieds de Notre Dame Libératrice et la Vierge Marie se charge d’acheminer le courrier.

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